BASA
158 P. FOURNIER tout aussi intéressé que les catholiques dans cette lutte. Profondément pénétré du sentiment religieux, zélé dé– fenseur des dogmes catholiques, il a témoigné envers les protestants, en toute occasion, de la malveillance et des intentions hostiles. Il savait par expérience que sous la cendre du protestantisme couvaient toujours des étin– celles républicaines. Le Duc envoya d'abord une garnison pour la sécu– rité des prédicateurs et des fidèles ( 1597) et il se rendit en personne sur les bords du Léman. Il assistait aux céré– monies du culte, accompagné du cardinal Alexandre de Medicis, légat du Saint-Siège. Il n'en fallait pas davan– tage pour impressionner les gens de la campagne qui, peu à peu, rentrèrent dans les rangs de la religion catho– lique. « Restaient cependant 300 nobles ou bourgeois, élite du protestantisme chablaisien. Le duc les convoqua à la maison de ville de Thonon et les somma de choisir entre les couleurs de l'hérésie et la Croix Blanche de Savoie ( 1598). Ceux qui ne fléchirent pas devant cette injonction hautaine reçurent ordre de passer sur la rive droite du lac dans un délai de trois jours )/ 0 • Cette croisade, commencée par une prédication ferme, éclairée, persuasive, finit par un déplorable coup de force. La persécution souleva de sérieuses récrimi– nations contre le Souverain et nuisit à la cause catho– lique plus qu'elle ne la favorisa. L'émotion, l'enthousiasme pour l'heureux succès de la lutte rude et serrée furent indicibles. Ces cvene– ments s'étaient déroulés aux portes de notre Duché, Jl(>Ur une cause qui intéressait tous les catholiques et qui rappelait tout particulièrement aux Valdôtains l'union et l'héroïsme qu'ils avaient démontrés en 1536 pour défendre leur religion et leur régime politique. Leur intérêt à cette cause était d'autant plus ardent qu'ils (10) E. PLAISANCE, Histoire des Savoyens, tome Ier, p. 424.
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