BASA

ROLAND VIOT 159 pouvaient encore douter qu'il se trouvât parmi eux, comme en Chablais, des réformés qui affectaient d'être convertis, mais qui ne l'étaient pas. Viot, du moins, avoue qu'il écrit la vie du fondateur de la maison hos– pitalière pour présenter aux fidèles attiédis dans leur foi, irrésolus, vacillants, un modèle de sainteté et pour combattre les dernières épaves, s'il en restait, du cal– vinisme dans le Duché. L'influence culturelle, profonde et toute puissante du mystique prélat n'a pas été moindre. Ses oeuvres: Introduction à la vie dévote, Traité de l'amour de Dieu, ses mandements et mémoires, l'écho des charmes de sa prédication, de ses entretiens religieux et familiers, de sa correspondance épistolaire avec nombre de lettrés avec lesquels il entretenait un commerce spirituel, furent pour leur élévation morale et intellectuelle, d'une im– portance qu'on ne saurait négliger. Dans le désordre spirituel amené à la fin du XVIe siècle par la pénétra– tion des nouvelles idées sociales et culturelles, par la fon– dation du Collège ducal dont on néglige de relever l'îm– portance et qui renouvela l'enseignement moyen, Fran– çois de Sales offrait des modèles expressifs, positifs d'élégance de style et d'éloquence. Il a mis en pratique la maxime infaillible que pour persuader les masses il faut parler et écrire avec simplicité, grâce, élégance et bon goût. La tradition rapporte que les Valdôtains accouraient en masse à Annecy, à Genève pour lui rendre hommage et se délecter à ses sermons et entretiens. Atténuant con– venablement le sens du mot foule, il est à croire que les dévots, embrasés d'une foi débordante, excités par une admiration enthow;iaste, étaient en plus grand nombre que les pèlerins qui se rendaient au château de Fernex pour glorifier Voltaire. Les écrits du patriarche de Ferney n'avaient pas encore conquis les foules. Les critiques littéraires sont unanimes à reconnaître que par son style aimable et fleuri, l'évêque de Genève

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