BASA

XX ACADEMIE SAINT-ANSELME dre comme les anguilles de Melun sur la disparition de ces glorieuses institutions ? Soyons objectifs et non pas systé– matiques. Elles avaient fait l'orgueil de la patrie valdôtaine, pendant des siècles, lui avaient rendu les services les plus signalés, l'avaient combien de fois sauvée des plus formi– dables catastrophes ! Mais elles avaient aussi fait lezir temps. Du reste, la dégénérescence pitoyable de la noblesse de cette époque, ses continuelles chamailleries pour les droits de pré– séance au sein du Conseil des Commis et des Trois-Etats, l'apathie du peuple valdôtain en avaient miné les bases. Cette observation de M. Zanotto est parfaitement juste: "L'absolutisme de Charles-Emmanuel et de son fils 'Victor– Améèlée III n'ont fait qu'en anticiper d'une dizaine d'années l'écroulement". Les transformations opérées en 1770 furent plus éphémères encore. Nous devons ici constater avec amertume que de l'abso– lutisme royal nous sommes tombés sous l'absolutisme de l'Etat, bien pire que le premier. En voulant agrandir leurs domaines, les souverains de Savoie visaient maladroitement à tout centraliser. Mais qu'ont-ils fait ? Ils ont aussi agrandi outre mesure l' omni– potence de l'Etat et ses tentacules de pieuvre. Le pouvoir central ne devait devenir qu'un vampire, l'autorité royale devait peu à peu perdre son prestige, le nationalisme devait tous les vingt ans pousser la nation italienne à des guerres désastreuses au point de vue économique. Nous l'avons déjà dit, quand un Souverain parvient ù étendre ses territoires, il absorbe presque toujours la pros– périté de ses sujets. Qu'est-il en effet résulté du régime cen– tralisateur ? Les libertés régionales ayant disparu, les ré– gion.~ n'eurent plus qu'à enregistrer les actes d'un gouver– nement omnipotent et qu'à en transmettre les ordres. Dans les Etats, c'est alors que fut importée cette politique néfaste, sans coeur et sans conscience, que l'on décora du titre pom– peux d'équilibre européen . Nulle loi, nulle règle, nul arbi– trage ne présida plus aux rapports de peuple à peuple. Le patriotisme ne consista plus qu'à répandre à flots le sang

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