BASA

172 P. FOURNIER diaconat d'Aoste (XIe siècle). Les doctes et définitives études de MM. Lucien Quaglia et André Donnet ont démoli le romanesque échafaudage monté par ce con– teur, à la solde de quelque noble savoisien du XVe siècle. Du même coup tombe évidemment tout le fond de l ' ouvrage de Viot. Reste cependant pour nous l'in– t érêt prédominant. Il nous présente un document authentique de la connaissance que nos hommes de lettres avaient, à cette époque, de la langue littéraire française, en plein déve– loppement d'organisation en France. Comme il s'agit d'un ouvrage historique de divulgation , il nou s révèle aussi l' état d'esprit des fidèles, car une étude hagio– graphique s'harmonise toujours au degré d 'élévation in– tellectuelle des lec teurs auxquels elle est destinée. De plus, les nombreuses citations des classiques latins, de !'Ecriture sainte, des discussions dogmatiques qu'ont soulevées, à travers les siècles, les docteurs de l'Eglise jusqu ' aux débats sur la Grâce , puisqu'il les mentionne, à la veille des Provinciales, r évèlent la profonde érudi– tion, la mise au courant de l'auteur. Cette vaste éru– dition nuit, peut- être , à l'uniformité de l'oeuvre . Car on y rencontre, à côté de mièvreries, d ' une naïveté dé– courageante, r eflet des lectures des hagiographes du haut Moyen Age, des descriptions animées, colorées, pé– nétrantes, et des discu ssions philosophiques r elevéeE . Malgré ses défauts, elle marque un échelon fonda~ mental dans notre vie culturelle et mériterait une étudej objective, d ' autant plus qu 'elle est devenue presquQ introuvable. Les études sur saint Bernard ne s' avantageraient guère, mais si quelque mécène s' avisait d 'en donner; une nouvelle édition , il fournirait un document ample et fort appréciable du talent de l'auteur et de la con– naissance qu'il possédait de la langue françai se, à unet époque où Ma,lherbes passait ses doctes veilles à la,

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