BASA
178 P. FOURNIER ses prédécesseurs immédiats, en premier lieu avec le Coutumier, rédigé en 1586 par Mgr Geoffroy Ginod, évêque de Belley. On a bien de la peine à le comprendre dans certains passages, tellement le lexique, la construc– tion, le tour de phrase, etc. ont vieilli. Je n'arriverai pas à affirmer que la langue dont se sert Viot est toujours claire et précise, et que c'est déjà du français du siècle d'or; mais on n'exagère pas en di– sant que son expression est presque toujours propre et adaptée, que sa construction n'est pas embarrassée, que son récit est par-ci, par-là, animé, j'allais dire coloré. Il fuit la recherche pédantesque d ' expressions nobles, empruntées au latin, il évite la tendance à mouler sa phrase française sur celle des classiques romains, deux défauts si communs et si caractéristiques chez les auteurs du siècle précédent. Sauf quelques mots - si peu nombreux qu'on pourrait les compter sur le bout des doigts - qui sont tombés en désuétude, et quelques autres, en petit nom– bre aussi, qui y sont employés dans des acceptions main– tenant disparues, tout le reste de son lexique a été con– servé dans le français moderne. Pour l'orthographe, comme elle n'était pa s encore fixée, mais i;implement fondée sur l'usage des siècles antérieurs, qui réglait, dans certains cas, la manière d'écrire les mots, la distance entre la vieille et la nou– velle langue, est plus sensible. L'auteur conserve l's étymologique des mots bestes, /estes, etc., qui ne se pro– nonçait pas; il écrit au pluriel bontez, citez, etc. , pour bontés, cités; il signore les accents , l'apostrophe de l 'ar– ticle qu'il unit dire~tement au nom: lhomme, lenfant , suivant l'usage. Parfois, il supprime et parfois il emploie l'article devant les noms propres géographiques, em– ployés dans la même signification. Il fait un .usage ré– gulier de la cédille, mais il ne fait pas encore la dis– tinction du j et de l'i, du v et de l'u (lettres ramistes).
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