BASA
230 L. COLLIARD sance et l'usage immémorable de la langue française dans la Vallée « ayant toujours et de tout temps été la langue française en notre pays et duché d'Aoste plus commune et générale que point d'aultres )) la rendait obligatoire aussi dans tous les actes officiels rédigés jus· qu'alors presque toujours en latin; et cela non sans une forte opposition des gens de robe et des traditiona· listes latinisants. Elle était déjà, au moins depuis un siècle, la langue usuelle de la prédication. Au cours du XVe siècle les évêques Moriset, Prangins et les deux Prez avaient fixé définitivement dans les églises l'usage de la prédication en langue française en abolissant celùi du patois et les derniers restes de roman qui y étaient confondus. Pays aux structures administratives autonomes, d'après la concession de la Charte des libertés valdô– taines (1191), la Vallée d'Aoste avait renforcé la forme de son autonomie pendant les troubles politiques et religieux de la première moitié du XVIe sièc1e en devenant un véritable « Etat dans l'Etat )), sans toute– {ois conquérir l'indépendance absolue. Elle s'était jus– qu'alors régie sur la base des coutumes féodales: les dirigeants du pays jugèrent enfin à propos de rédiger par écrit ces lois de la sagesse pratique et juridique de leurs pères. C'est pourquoi les études juridiques sont particulièrement soignées dans la seconde moitié du siècle, favorisées d'un côté par les nouveaux rapports politiques et constitutionnels qui venaient de s'établir avec le gouvernement central et de l'autre par le ré– gime féodal toujours tenace au pays d'Aoste. On par· vint ainsi en 1588 à la publication des Coutumes Géné– rales du Duché d' Aouste", oeuvre de grande significa– tion morale et civile et douée d'un grand équilibre, qui, sous le nom de Coutumier régla entièrement la vie poli- (19) Imprimé à Chambéry par Louis Pomar.
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