BASA

254 L. COLLIARD traste et tout en ne sachant pas se soustraire aux limites du système aristocratique féodal auquel sa mentalité franchement conservatrice le tenait lié, il a représenté les velléités de survivance de l ' Etat particulier et de la personnalité collective valdôtaine. Toute sa colossale oeuvre d'érudition, en dernière analyse, a pour point de départ une instance patriotique, et ce caractère la différencie précisément de l'oeuvre des érudits du siècle précédent; or, même si Tillier se sert de ceux-ci comme source, il les dépasse ensuite de beaucoup dans la mé– thode grâce à une critique sagace et à une plus profonde et plus précise connaissance des archives valdôtaines qu'il compulsait avec une diligence scrupuleuse. Il construira, sur le matériel que ces dernières renfer– maient, l'histoire de la Vallée d'Aoste. Trempe authentique de laudator temporis acti, Til– lier avait hérité d'un véritable culte pour les antiquités romaines de sa patrie, directement des humanistes du XVIIe siècle. Bien au contraire, son intérêt pour les antiquités moyenâgeuses ne trouvait pas d'écho dans son esprit à cause de sa formation éminemment classi– que. Le Moyen Age reste pour lui une époque de bar– barie et le château de Fénis, qui est pourtant un chef– d' oeuvre d'architecture et d'art, n'est pas autre chose, à son avis, qu'un « corps de bâtiments à l'antique, avec une double enceinte de murailles garnies de tours, ce qui le rendait autrefois fort à la main; mais il serait à présent plus propre à servir de prison qu'à être la de– meure de personnes de condition ))•. Son activité d'historien débute vers 1720: le fruit de ses recherches est représenté surtout par le Re– cueil historique et géographique du Duché d'Aoste, dont il faut placer l'élaboration définitive entre 1737 et 1740. Ses manuscrits - originaux ou copies - épars (6) J.-B. DE TILLIER, Historique cit., p. 312.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=