BASA

NOTRE LANGUE MATERNELLE 301 raient que cette phrase « è pm peregrina >>. Au lieu de répartition , tel autre parlementaire emploiera le mot contingentenient, au lieu de combinaisons , com– bines. C'est déplorable mais cela fait plus d'effet. Et que penser de ces expressions hétéroclites: indifjéren– tisme, abstensionisme qui fleurissent comme par; enchan– tement sur les lèvres des législateurs de France ? Comme les députés, combien d'écrivains ne peuvent se passer à la trihune, dans les romans, les articles de journaux des mots importés d'Allemagne et surtout d'Angleterre. Les négociations diplomatiques ont valu aux Français le Week-end pour indiquer le congé du samedi au lundi, alors qu ' il serait si facile de dire le repos dominical, mais peut-être cela sent-il trop l'eau bénite, alors ouff ! et le capital shifs dont tous les ora– teurs versés dans l'art nautique se croient obligés d'en· trelarder leurs allocutions , comme s'il n ' était pas plus simple de désigner par leurs terminologies françaises les unités navales dont il s'agit. Quant au mot machin, il sert à désigner n'importe quoi, même le ~osier, le mouchoir, le cancer, l'encrier, une personne quel– conque. Combien la syntaxe laisse aussi à désirer ! La lo– cution à ce que, on l'affuble à tous les verbes; celle-là se rencontre au moins cinq fois tous les quarts d'heure: «Nous demandons à ,ce que; un projet tendant à ce que>> au lieu de: Nous demandom; que; un projet tendant à ... Si l'on ajoute à cela que la plupart des parisiens pro– noncent assque, on se rendra compte de la pénible im– pression qu'éprouvent les oreilles superfines et amou– reuses du langage châtié et harmonieux. Ils ne sont pas du tout rares ceux qui substituent l'expression tâcher à ... à celle de tâcher de... Il y a entre l'une et l'autre une assez notable différence: la première exprime l'idée d'un gros effort, elle signifie: peine à faire une chose; la deuxième équivaut à essayer de... Pourtant on les em– ploie à tout propos de bottes et indifféremment.