BASA

304 M. DURAND En France on adopte trop facilement des termes bi– zarres; avec ! ' habitude, toutes ces incorrections finissent par paraître normales et par ne plus choquer, et 1 un beau jour on apprend même, avec étonnement, que l'Académie Française a donné droit d'asile à ces caco– logies et à des termes aux noms plus hétéroclites. Déjà elle a consacré depuis combien d'année, l'expression chic qui est d'origine allemande et l'on dira couram– ment c'est du chic pour dire c'est du beau; avoir du chic pour signifier avoir des manières élégantes; un tableau fait de chic pour tableau d'invention, c'est-à– dire fait sans modèle. N'a-t-on pas aussi adopté épater qui reste argotique quoique l'on fasse, parce qu'il pré– sente à l'esprit une idée déplaisante. N'empêche, l'on dira, l'on écrira d'une chose ou d'un spectacle mer– veilleux, c'est épatant ! A tout bout de champ et à tout propos de hottes l'on entendra la phrase: épater le bourgeois pour faire ébahir les sots; faire de l'épate pour se donner des airs. Et c'est ainsi que Ja langue française, sous couleur d'évoluer se déforme et s'en– canaille. Il est aussi non moins avéré que cette belle langue se surcharge d'expressions anglaises; le dictionnaire Larousse en est rempli. Or, je vous demande,, le fran– çais a-t-il vraiment besoin de termes comme ceux-ci: five-o-clock, kepsake, lunch, square, stayer, steam-boat, steamer, stele, steeple-chase, sprinter, tranway, stan– dard, et une infinité d'autres qui pour comble de mal– heur gardent en français leur prononciation anglaise : faive-o-klock, lonch, stimeur? Il semble que tout soit a– gréable aux français, pourvu que ce soit écrit en anglais. On dit, non sans fondement, qu'à Paris tout le monde fait à l'anglaise: on monte à l'anglaise, on boxe à l'anglaise, on passe les matinées à l'anglaise; les costumes se mo– difient d'après les modes anglaises. Bien peu protes– tent contre l'anglomanie en général et surtout contre la terminologie anglaise qui bientôt supplantera le mer-

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=