BASA
80 A. CHENAL de notre territoire et les nouveaux maîtres profitèrent lar– gement des efforts de leurs prédécesseurs. On a beaucoup discuté sur la date de l'apparition des Celtes en Vallée d'Aoste. Jean-Baptiste de Tillier, dépositaire d'une tradition historiographique plus ancienne remontant au moins, à l'état actuel de nos connaissances, à Roland Viot et à Claude Mochet2, la plaçait l'an 1158 avant J.-C. 3 • Cette date resta longtemps tabou pour la plupart des auteurs val– dôtains et de nos jours encore on l'accepte généralement sans se soucier de contrôler si elle repose sur des sources suffisamment valables. Jules Brocherel fut un des plus farouches adversaires de l'opinion manifestée par le chercheur valdôtain du XVIIIe siècle: «La migration celtique à l'ouest du Rhin, écrivait-il en 1948, n'eut lieu que vers le VIIe siècle avant l'ère vul– gaire. Les faire pénétrer en Vallée d'aoste l'an 1158 avant J.-C., c'est absurde . D'après Polybe, Diodore, Appien, Cas- (2) Roland Viot (1611-1644) est l'auteur, entre autres, d'une Histoire ou chronologie du Duché d'Aouste, une synthèse, concentrée dans onze petits feuillets, des évén ements qui se sont vérillés dans la Vallée depuis les Sa– lasses Jusqu'à 1600. Claude Mochet, dont on n e sait pas grand'chose, sinon qu'il était no– taire à Aoste et syndic en 1643, nous a laissé un Porfl.l historiai et diagra– phique de la très antique cité d'Aouste. Ces deux historiens, le premier surtout, se sont Inspirés presque uni– quement de la tradition orale, des textes cl assiqu es et de quelques manus– crits égarés depuis. Sur Roland Vlot, cf. la belle étude de Pierre Fournier, Un écrivain val– dôtain du XVIIe siècle, dans « 38ème Bull. de la Soc. acad. rel. et scient. du Duché d'Aoste n, Aoste 1961, Duc Edit., p. 141 et sulv. (3) J .-B. de Tilller, Histori que de la Vallée d'Aoste, Aoste 1888, p. 14 : « Vers l'an 3803 de la création du monde, soit 409 ans avant la première Olympiade, 406 avant la fondation de Rome, et 1158 avant J.-C., Cordélus et sa colonie Jetèrent ou llrent Jeter dans la vallée les fondements d'une ville. Ils l'appelèrent Cordèle, du nom de ce chef ». Cette légende, que Tlll!er tire sans doute de la Chronologie de Vlot, avait été trouvée par ce dernier dans un vieux manuscrit d éposé à l'hos– pice du Grand-Saint-Bernard (cf. Pierre Fournier, op. cit.). Le document de l'Hosplce dérlvalt-11 de m anuscrits plus anciens en core ? de la tradition orale? ou plus simplement d'une lmaglnatlon fertile? C'est ce que nous ne saurons probablement jamais. Nous transcrivons en tous les cas de la Chronologie, chap. XVI, le passage du manuscrit qui nous intéresse !cl: « Postquam dulclsslmus allmentator humanae rraturae Jupiter f!llus Satur– ni [durlsslm! lpslus naturae et homlnum turbatorls tempore consolatorls, laborlosae nostrae vitae Noë, anno elusdem octoglnteslmo qulnquageslmo] obfuglsset dlctl patr!s tlmore ad montes alplnos et germanus suus Cordeles, cum eo, qui pro nomine dlctl German! fundavlt clv!tatem tune Cordelam nomlnatam nunc vero Augustam nuncupatam n. (Tiré de l'Histoire ou chro– nologie du Duché d'Aoste publlée par Pierre Fournier, en feuilleton, d ans le Journal « La Vallée d'Aoste», Paris 1923. Le texte de Roland Vlot eat précédé d 'une belle Introduction) .
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