BASA
82 A. CHENAL Danube". Il y a quelques décennies , on plaçait l'arrivée de cet ancien peuple en Gaule aux alentours du VIIe siècle avant notre ère. C'était aussi l'avis de Brocherel, mais il faut maintenant reculer de plusieurs siècles cette date. A l'âge du bronze, on remarque en effet d'importantes innovations dans les rites funéraires. Au cours de la première et de la deuxième période, entre l'an 2000 et l'an 1600, l'ensevelissement sous tumulus apparaît dans l'es t de la France, surtout en Franche– Comté et en Bourgogne, ainsi qu'en Suisse. Ce rite se mul– tiplie considérablement à la troisième période (1600-13 OO): il atteint la Lozère et la Haute-Marne. Une population étran– gère a dû se répandre en Gaule dès l'âge des premiers mé– taux. Quelle était cette population ? Si l'on tient compte que la pratique de l'ensevelissement sous tumulus était cou– rante dans l'Allemagne du sud depuis la fin du Néolithique - c'est-à-dire dans le territoire de la primitive Celtique - l'on doit nécessairement inférer que ces nouveaux venus étaient des Celtes 7 • A quelques pas de la Vallée d 'Aoste, partant, le processus de celtisation du territoire européen était au XIIe siècle avant l'ère chrétienne fortement avancé. Rien n'empêche que des tribus celtes se soient infiltrées à partir de cette lointaine époque dans les régions situées au sud de la ligne alpestre de partage des eaux et s'y soient établies. L'entreprise du nommé Cordélus , agrandie et déformée au cours des siècles suivants et surtout au Moyen Age par l'ima– gination populaire, retrouverait ainsi sa signification réelle (6) Hérodote déjà plaçait la Celtique autour des sources du Dan ube. Malheureusement, li faisait descendre ce fleuve des Pyrén ées. La topo– nymie et l'archéologie préhistorique ont permis m aintenant de remettre à l'honneur l'historien grec et de lui faire pardonner sa petite coquille hydro– graphique. (7) C'est aussi à la troisième période du bronze, vers l'an 1400 av. J .-C., que les Ach éen s, dont l'origine celtique est désormais prouvée, débordèrent de l'Europe centr ale et, à travers la Thessal!e, s'in f!ltrcrent dans le P élo– ponèse. Ce mouvement migratoire, dont les cau ses profondes nous échap– pent encore, n'au rait donc pas été à sens unique: d'un côté 1 il se i11ani– festa à l'ouest, vers la France actuelle; de l'autre à sud, vers l a Méditer– ranée. La migration celtique en Grèce, quelque t emps avant l'apparition de la culture d'Halstatt, est presque historiquement reconstruite. Elle con– firmerait la très haute probab!lité d'une migration parallèle et à peu près contemporaine en Fran ce, dont les preuves définitives sont en cours d'éla – boration.
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