BASA

NOS ANCETRES LES CELTES 83 et la place qui lui revient dans le livre de !'Histoire du peu– plement alpestre 8 • L'opinion de Jules Brocherel selon laquelle il n'est pas concevable « que les hordes celtiques se soient aventurées dans les gorges du Valais et de la T arentaire pour pénétrer en Vallée d'Aoste », car « elles se seraient heurtées contre le mur des Alpes Craies et Pennines, et auraient dû se frayer un chemin à travers des tribus belliqueuses, défendant de toute force leur indépendance », cette opinion, disions-nous, n'est pas probante pour ceux qui ont un peu de familiarité avec la vie préhistorique. Les montagnes, du moins en Eu– rope, n'ont jamais séparé les hommes; mais il y a d'autres réalités q\le le chercheur judicieux qui ne veut pas à tout prix prouver des thèses, mais essaie plus simplement de ré– tablir la vérité à partir de conjectures acceptables, ne peut absolument pas ignorer. Dès l'âge du bronze, le commerce international est en plein essor et l'utilisation des lieux de passage à travers les montagnes devient systématique 9 • Le sel, l'ambre, le cuivre, l'étain sont des denrées qui circulent (8) A la base des anciens mythes, il y a toujours, d'ailleurs, un brin de vérité. Les Incrédules ont été bien souvent attrapés. Grâce aux travaux des archéologues Schliemann, Wace, Müller, Waldstein, Rldgeway, Stama– takls, les Achéens, par exemple, sont sortis maintenant de la légende. Plus personne, aujourd'hui, a écrit très justement Indra Montanel!! dans sa fameuse Histoire des Grecs, « n'a le droit de mettre en doute la réalité historique d'Agamemnon, de Ménélas, d'Hélène et de Clytemnestre, d'Achil– le et de Patrocle, d'Hector et d'Ullsse, même si leurs aventures n'ont pas été exactement les mêmes que Homère a décrites ». Il en a été ainsi pour la plupart des autres mythes dont l'histoire des premiers peuples méditerranéens connus est parsemée. Cordélus est un personnage qui doit encore intéresser les historiens ou, pour le moins, les préhistoriens du XXe siècle. Celui qui voudrait le connaître de plus près, n e perdrait pas son temps derrière un fantôme. Cordélus, c'est un chef et tout son peuple en marche vers notre Vallée. La superstition des anciens hommes, leur vanité peut-être, leur charge d'émotivité très certainement, lui ont donné des origines divines et l'ont entouré de légendes. Mals ce souvenir d'un événement réel a été transmis de génération en génération, enjolivé par des juxtaposltione qu'il s'agit maintenant d'abattre. Patience et longueur de temps, pour le dire avec La Fontaine feront lei, soyons-en certains, plus que force et que rage. (9) Le Grand-Saint-Bernard était fréquenté couramment depuis les temps néolithiques par les commerçants de la pierre polie (cf. mon étude Le Grand-Saint-Bernard dans l'époque préceltique, Duc Edit., Aoste 1961). Sur la fréquentation du Col du Petit-Saint-Bernard, nous savons beau– coup moins. La date de construction du fameux cromlech, à quelques oas duquel les Romains élévèrent ensuite leur mansio, remonterait au moins, cependant, au premier âge du fer: preuve éloquente que ce haut lieu a été pratiqué par l'homme depuis des temps très reculés.

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