BASA
XII ACADEMIE SAINT-ANSELME cle en Vallée d'Aoste . Cette époque il l'appelle le « siècle de l'érudition » et non pas encore le grand siècle du classicisme. En effet ce n'était pas encore, certes, le triomphe de la splen– dide littérature qu'on admirait alors en France, depuis 1660, mais seulement une lointaine élaboration de l'idéal classique. Quoique Emmanuel-Philibert eût déjà ordonné pour notre Vallée la rédaction des actes publics en français troi s ans avant que François Ier l'eût fait pour la France, nous étions encore assez en retard quant à l'évolution littéraire, et ce la se conçoit, car quelle que fût l'influence des grands courants littéraires sur notre litté– rature, nous n'avions ni un Malherbe, ni un Vaugelas, ni un Voi– ture, ni un Hôtel Rambouillet et moins encore un Boileau, un Corneille, un Racine pour discipliner, épurer, affiner, enrichir notre langue et lui imprimer cette allure solennelle de la phra– séologie d u grand siècle de Louis XIV. Quoique le peuple n'eût plus compris très bien le latin, combien s'obstinaiënt encore, no– tamment parmi les intellectuels, à vouloir le maintenir dans les actes d'achat, de vente, voire dans les transactions et, cela bien entendu, au détriment du français. Déjà en 1531, le duc Charles Il avait instamment invité à rédiger les actes judiciaires, surtout, en français « ... pour aulcun abus qu'avons entendu estre en la costume de la val daouste fort preiusdiciablez a la iustice et a la chose publicque ». Donc, comme nous l'avons dit, à cette époque la rédaction de tous les actes en français rencontra des oppositions « pour es– tre nostre langue incorrecte et pour la difficulté que font mes– sieurs les procureurs d'abas les voyr (?) ». Rien d'étonnant dès lors que notre langue française fût en– core tâtonnante au commencement du XVIIe siècle. Mais la transformation en 1596 de l'ancien prieuré de Saint-Béning en Collège d'études contribua pui ssamment, quoi– que assez lentement, à donner un grand essor à notre idiome. Les cours s'ouvrirent en 1604 et furent conf iés en 1644 aux chanoines de Notre-Sauveur, congrégation religieuse instituée dans la Lorraine, et comprenaient les classes de grammaire, d'hu– manités et de rhétorique . Sous ces religieux notre Collège at– teignit un degré de prospérité inouïe et figura en première ligne parmi tous les collèges des Etats-Sardes . On y vit accourir l'élite intellectuelle non seulement de la Vallée d'Aos1e, mais du Piémont, de la Savoie, de la Suisse, au point qu'on y compta parfois p lus de 300 élèves. A partir de 1660, grâce à la forte impulsion donnée par
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