BASA

Né en 1888 à Alexandrie (Egypte), Ungaretti passe sa jeunesse à Paris, et, tout naturellement, se joint aux mouve– ments d'avant-garde de la poésie française, où se côtoient décadents, symbolistes, cubistes, futuristes recherchant une héroïque explication de la liberté par le dérèglement systé– matique de tous les sens, que prônait, quelques années au– paravant, leur maître Rimbaud. Etudiant à la Sorbonne, Un– garetti se lie avec la figure la plus marquante des jeunes poètes, Guillaume Apollinaire. Dans les premières poésies françaises d'Ungaretti, l'in– fluence de celui-ci est considérable. Ce ne sont plus seule– ment les « bons sentiments » 1 qu'il faut proscrire, comme le conseillait Flaubert, mais le sentiment tout court, l'émo– tion et ses manifestations extérieures, auxquels Ungaretti substitue une ironie grinçante. Ce refus du lyrisme va de pair avec un démantèlement systématique des formes tradi– tionnelles de la poésie; dépassant le stade du vers libre, Unga– retti, suivant la mode futuri ste 2 , va écrire une prose rythmée, qui cherche à heurter plus qu'à séduire ou suggérer, où la syntaxe est torturée, la ponctuation ignorée, et où la dispo– sition typographique tient lieu d'art poétique. Disons tout de suite que cette adhésion d'Ungaretti à (1) Citation complète: « On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments». (2) Le futurisme est un mouvement politique, artistique et littéraire fondé par Marinetti, qui en a rédigé le programme dans un manifeste publié par le Figaro le 22 février 1902. Ce mouvement tend s'attaquer au romantisme sentimental comme à l'analyse psychologique; Il exalte le cou– rage physique, la violence, la civilisation des machines, l'exaspération d es sens. Tout comme le surréalism e (voir note n. 11), 11 a été influencé par Rimbaud. Cf. l'étude de Alberto Frattlni, Marinetti e il futurismo, dans l a revue Poesia Nuova, n. 1, 1959.

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