BASA

LES POEMES FRANÇAIS D'UNGARETTI 177 La dédicace du premier de ces poèmes, Perfections de noir, à André Breton, pape du surréalisme, est significative. Non seulement la disposition des vers fait partie de leur pouvoir d'évocation, mais l'emploi de caractères typogra– phiques différents est censé correspondre aux nuances, aux subtilités de la pensée. Nous n'insisterons pas sur le caractère artificiel d'une telle conception de la poésie. Pour commencer, Ungaretti évoque son sentiment de solitude, aggravé par des rumeurs qui témoignent de l'indif– férence du monde extérieur: des échos de bruit nous arrivent parfois nous sommes si loin de tout Remarquons que Verlaine, sans acrobaties typogra– phiques a écrit sur ce même thème les plus beaux vers qui soient: Cette paisible rumeur là Vient de la ville 12 Plus loin des pigeons se promènent tandis que des an– tilopes s'envolent, image issue d'un procédé cher à Unga– retti futuriste (Cf. notre commentaire sur Pour Guillaume Apollinaire). Le poète se révolte alors contre le monde des hommes affairés et indifférents: avec mes dents j'ai déchiré tes artères 13 tandis que le ciel se couvre de corbeaux, oiseaux de mauvais augure et que il ne reste d'immobile que des rangées de lumière (12) Verlaine, Sagesse, 1880. au fond du gouffre. (13) Ces trois vers annoncent peut-être l'agneau-lou p de Calumet, troi– sième volet de P-L-M.

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