BASA
178 L.-A. COLLIARD Dans ce monde hostile, le poète, qui s'identifie à une pierre retombée au sol, aspire à son propre anéantissement dans un dernier cri de désespoir: Ah je voudrais m'éteindre comme un réverbère à la première lueur du matin Roman Cinéma, deuxième volet du triptyque P-L-M, est dédié à Blaise Cendrars, grand voyageur français, avide de sensations nouvelles . Les six parties de ce poème ont comme fil conducteur le pessimisme du poète en proie à la désolation, la fatigue, l'ennui et l'angoisse. Faisant sienne une image romantique traditionnelle 11 , il se sent pareil à une fleur chétive que le vent agite à sa guise: cette fleur à la tige fine chétif enfant blanc qui s'est balancé au vent. Dans cette vie parisienne, à laquelle il ne s'est pas adapté, il est hanté par le souvenir de son enfance en Afrique, au milieu des « antilopes joyeuses ». La cinquième partie du Roman Cinéma est consacrée au suicide d'une relation non identifiée d'Ungaretti, peut-être un compagnon d'armes: Il ne pouvait pas vivre en Occident il avait perdu ses domaines Il s'est tué parce que , malgré ses souffrances, il devait garder le sourire devant son entourage. Sur son lit de mort, une cigarette ..... tombée de sa bouche ..... posée doucement près d'un peu de cendre est le symbole de la vie éteinte de son ami, qui, maintenant qu'il est mort, peut enfin sourire sans arrière-pensée. (14) Cf. la dnnière strophe de Chanson d' Automne de Verlaine: «Et je m'en vais / Au vent m auvais / Qui m'emporte / Deçà, delà, / Pareil à la / Feullle morte. / l>.
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