BASA
180 l.-A. COLLIARD des années 1914-19 et se trouve en pleine maturité poé– tique. Il se libère des divagations des futuristes et substitue le vers à la prose rythmée. En même temps, l'inspiration s'élargit sans atteindre encore l'universel. Ainsi la Naissance d'Aurore évoque la victoire quotidienne du jour sur la nuit: Avec des doigts d'émeraude D'ambigus mouvements tissent Le blanc. A l'inverse, Juin est un poème d'accent personnel, où Ungaretti, contrairement à son habitude, nous laisse entre– voir sa vie intime: au terme d'une longue nuit d'amour, le poète doit revenir à la réalité: A présent la belle étoile est fermée. Après une dernière vision de son pays tant aimé: comme à cette heure dans mon pays d'Afrique les jasmins .. . il s'interroge sur la fragilité de l'existence, dont les plus beaux souvenirs, les rêves les plus séduisants peuvent être annihilés par une mort sans préavis. Un troisième poème, Rome, n'a plus été publié par la suite par l'auteur, qui s'est contenté d'inclure les vers qu'il jugeait les meilleurs dans des compositions ultérieures; quant au quatrième, Soir, on n'en trouve plus trace dans aucun recueil postérieur; sans doute, Ungaretti le trouvait-il trop personnel. Rossignol est encore pénétré de la nostalgie de la terre natale, pleine de sortilèges, belle et calme, mais aussi « ra– pace », toujours semblable à une coupe de miel non plus goûtée pour ne pas mourir de soif. Ce poème, dont Ungaretti avait rédigé en 1924 une première version sous le titre de Souvenir d'Afrique, a été scindé en deux dans l'édition définitive, une partie gardant ce titre-ci, l'autre se réduisant au premier vers, sous le titre de Colombe:
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