BASA

LETTRES DU MARQUI S DE LULLIN 235 et démontrent que, du moins dans le cas dont il s'agit, il avait été ac– cusé à tort d'avoir attribué « volontiers ses impressions à tout un corps délibérant ». Mgr Duc n'a pas rectifié le jugement porté téméraire– ment contre l'obj ectivité de De Tillier. (Ce jugement a été réaffirmé par T. TIBALDI, op. cit., IV, p. 11), qui l'a, cependant, attribué à un autre épisode de l'inquisition. Nous avons force doutes, et pour cau– se, que dans ce cas aussi l'objectivité de De Tillier soit sujette à caution. Nous ne connaissons pas la réponse du duc aux démarches que les délégués du pays firent auprès de lui. Elles durent être favorables , à en juger des remerciements qu'on lui adressa le 3 janvier 1597 (cf. M. BARETTI, art. cit., p. 59) et de la lettre ci-dessus que le gouverneur écrit à l'occasion du retour des délégués. Le pays envoya une lettre de remerciement aussi au gouverneur. Nous la publions infra (cf. Ap– pendice, document VI, p . 284 ). Pour ce qui a trait à l'Inquisition, les députés rapportèrent une provision favorable le 23 décembre 1596, selon laquelle « S.A. en– tendait qu'il ne fût introduit dans le duché d'Aoste aucune forme d'in– quisition ... ». Charles-Emmanuel, ainsi qu'il avait promis, écrivit à la Cour de Rome et obtint que « rien ne devait être innové, sur le fait de l'inquisition en Vallée d'Aoste, à ce qui avait été en usage par le passé ». Cette réponse fut notifiée au Conseil des Commis le 28 fé– vrier 1597 (cf. ].-B. DE TILLIER, H istorique cit., p. 171). Cependant, l'archidiacre d 'Albard avait cherché de se défendre des accusations dont il avait été l'objet (cf. ].-A. Duc, op. cit., VI , pp. 330-31, n . 1). Il est à remarquer qu'en même temps que le pays recourait con– tre l'lnquisition, l'évêque Barthélemy Ferreri soutenait auprès du duc la nécessité d'introduire ce tribunal: « ... di andare pian piano a mira di stabilirvi il santo Officia non per sospetto delli paesani, quali ho riconosciuti saldi et constantissimi alla fede , ma per rispetto de passa– gieri che ponno venire dalli stati circonvicini, corne di Berna e Valey, l'uno heretico aperto et l'altro sospettissimo ». (Ibidem). L'évêque s'empressait de déclarer qu'il n'avait pas pris part aux initiatives de l'archidiacre d'Albard, ce que le duc aurait pu croire d'après une let– tre qu'il lui avait adressée précédemment. Il ajoutait, en homme rusé, que son projet d'introduire le Saint-Office devait avoir lieu au con– traire « pian piano et con la destrezza che si richiedeva, seconda che da V.A. mi fu accennato». Si les choses étaient ainsi que la lettre de l'évêque nous montre candidement, et nous n'avons pas de raisons pour croire différemment, l'attitude du duc, dans le cas dont il s'agit, était bien ambiguë '

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