BASA

24 P.-A. FARINET central sur lequel tirent tous les haubans de la tente du Chef . Car le mont Blanc est avant tout un seigneur et un maître. Il ordonne et dispense le climat sur ses sept vallées et les septante qui s'en éloignent aux quatre coins des hori– zons qu'il domine ». Il ne forme pas une frontière entre les races. Valdô– tains, Savoyards, Valaisans sont frères de langue et de sang comme leurs ancêtres les Salasses et les Allobroges, héritiers directs de ce grand peuple ligure qui, le premier, occupa les Alpes. « Celtisés ou romanisés, ainsi qu'écrit Dauzat (Mers et montagnes d'Italie), attachés au français par une tradition séculaire, ils ont conservé la vieille originalité de leur race dans leurs villages construits suivant l'usage antique de ·1a montagne des Gaules ». Et tout autour, comme un essaim, l'élite de ces popu– lations, pauvres en ressources mais riches en patriotisme et en dévouement, dans l'union fra ternelle des intelligences et des coeurs, a conservé l'âme du pays et l'histoire du passé qui sombraient dans la transformation des moeurs et des idées amenées par le progrès. Après l'Académie des sciences de Turin (1759), voici l'Académie de Savoie (1819); la Florimontane d'Annecy (1851 ); la Société savoisienne d'histoire et archéologie ( 1855); celle de Saint-Jean-de-Maurienne ( 1856); la Salé– sienne ( 1878 ) ; la Chablaisienne de Thonon ( 1887 ) ; la So– ciété scientifique de l'Isère (ancienne Société de statistique, des sciences naturelles et des arts industriels). Ces sociétés consacrant à l'étude les loisirs de l'homme pour arracher au naufrage du temps les débris épars du passé, rendent au pays l'orgueil de son histoire et préparent un matériel précieux. Les grands esprits travaillent avec les pierres taillées par ces érudits les plus humbles . La nôtre, l'Académie de Saint-Anselme, fut la quatrième à se constituer dans les Etats de Savoie, en 1855. Elle avait des raisons d'être toutes particulières, dans un pays où l'his-

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