BASA

26 P.-A. FARINET ensuite les savants vers les cimes et les altitudes pour cher– cher d 'y saisir la complexité de la nature et la puissance de son propre esprit. Alors que les premières ascensions du mont Blanc avaient donné lieu à des querelles misérables, l'ascension du naturaliste De Saussure fut un triomphe scientifique. Du haut de la montagne, épiant pour la science les voix de la nature, il aperçut entre autre que cette gigantesque fabise se dressait sur une base des plus étroites, comme pour inviter les deux vallées de la Doire et de l'Arve, qui s'enfoncent dans ses flancs, à se relier par une voie char– retière. C'était la route qui répondait à cet esprit d'union que le mont Blanc inspirait. Elle aurait brisé la barrière des Alpes, inaccessible pendant de longs mois sur 300 kilo– mètres entre la France et l'Italie. Mais lorsque le pionnier génial et le réalisateur qu'était Ferdinand de Lesseps, étudia ce problème, il lui apparut que cette brèche sous le mont Blanc offrait la possibilité d'une grande route continentale, la plus directe de tout l'Occident, arrivant de la Méditerranée à l'Angleterre par la prolonga– tion du tunnel sous la Manche . Aujourd'hui cette réalisation est en cours. Que va-t-il se passer ? Abrégeant les parcours, traversant de riches reg1ons à éco:iomies différentes, facilitant les échanges, elle provo– quera une liaison économique, culturelle, commerciale, _c:!e plus en plus intense, formant un tissu solide de relations humaines. Et elle accentuera encore cet esprit d'union qui se dé– gage du mont Blanc. Et que va-t-il se passer dans la montagne ? Depuis les derniers conflits, ce n 'est pas une transfor– mation, mais une véritable révolution qui est survenue dans les rapports entre l'homme et la montagne. Et cette route l'accentuera encore.

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