BASA

RECEPTION D'E. G ISCARD D'ESTAING 27 Elle fournira aux vallées enclavées dans les hautes mon– tagnes, un sillon qui sera l'artère principale de leur vie. Mais elle mettra aussi à la portée de tous, dans un monde retréci par les inventions et dévoré par la rapidité, la majesté incomparable de ces masses rocheuses, de leurs paysages, de leur lumière, « ce spectacle du surnaturel qui ravit l'esprit et les sens » comme dit Rousseau. Ces foules de passagers ne pourront échapper à la séduction de la vision extraordinaire et immédiate de ces prés, de ces neiges, de ces lacs où les étoiles mêmes 'vien– nent boire la fraîcheur de la nuit. Le goût du beau que tout homme porte en son coeur en sera développé et avec autant plus de résultat si nous saurons sauvegarder dans nos vallées si diverses d 'aspect et si semblables de coeur, ce qui faisait l'homogénéité du massif. Il faudra sauvegarder ce que notre Académie a tou– _iours défendu: notre langue et nos moeurs, ce que la nou– \celle Constitution italienne nous permet de consacrer, c'est– à-dire l'individualité de chaque groupe, de chaque forme distincte de la nature humaine, en la faisant contribuer à l'harmonie de l'ensemble. A.près de tristes épreuves, notre région jouit de l'auto– nomie. Faisons en sorte que cette autonomie ne soit un en– traînement un peu frivole et fasse dévier ce mouvement de renaissance . Le régionalisme ne doit surtout être une amusette de dilettantes, une recherche du bibelot provincial, une dé– centralisation de camelote aux allures de vaudeville. Les régions ont une âme, ou mieux, des nuances d'âme particulières qui s'expriment dans le paysage, dans les moeurs, dans la langue, dans le chant, dans la tradition. Tout le reste est parade. Et comme toutes les parades , elle fatigue très vite, alors que seules l'originalité et la va– riété dans l'harmonie ont ce charme pénétrant qui parle à tout homme bien né. Il faudra conserver notre particularisme et nos moeurs , tout en sachant offrir la modernisation que le progrès pet·