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34 E. GISCARD D'ESTAiNG en plus étroites et faciles. C'est pourquoi, dans la communi– cation que vous avez bien voulu me demander de vous faire, j'ai choisi de traiter un sujet répondant à cette double pré– occupation ; je m'efforcerai donc de vous parler au nom de l'humanisme du passé qui m'est cher, et au nom de la cons– truction européenne du présent qui me l'est aussi. Et ce faisant, je parlerai tout naturellement comme un homme profo nc!émen t attaché lui-même à sa province d'ori– gine; il me semble que, étant né en Auvergne, dans les montagnes qui sont au coeur de la France, je suis en com– munication particulièrement facile et cordiale avec ceux qui sont nés dans cette Vallée d'Aoste que, il y a plus de deux cents ans, Jean-Baptiste de Tillier appelait «ce petit Eta~ intramontain », obli8é qu'il était d'inventer un adj ectif pour qualifier plus exactement votre pays, niché comme le mien au centre des montagnes. Votre Académie peut êt!'e fière de son titre. C'est une gloire pour la cité d'Aoste d'avoir donné naissance à l'homme extraordinaire que fut saint Anselme. Je n'aurais garde de parler de lui devant un auditoire qui le connaît mieux que moi, mais vous me permettrez par contre de penser que sa vie est la meilleure introduction qui soit au sujet que ie traite. Parmi tant d'aspects gui pourraient être mis en lu– mière, il me plaît de m'arrêter surtout sur le fait que saint Anselme fut un grand voyageur, et plus encore un grand international. Ayant vu le jour ici même, il parcourut, dès sa jeunesse, les monastères les plus célèbres de France et de Bourgogne . Lorsqu'il prend l'habit en 1060, c'est dans un pays biea éloigné du vôtre, en Normandie, à l'abbaye du Bec. Après y avoir fait la carrière que vous savez, il se trans– porte en Angleterre lorsqu'en 1093 il est élu archevêque de Cantorbéry. L'orgueilleuse dynastie normande, dont l'ultra– nationalisme provenait tout naturellement de sa jeune élé– vation, ne pouvait admettre l'esprit supranational, parce que catholique, de votre compatriote. Celui-ci retourna à Rome en 1098, siégea au Concile de Bari, puis revint en France et retourna en Angleterre où