BASA

38 E. GISCARD D'ESTAING les « originalités locales » se maintiennent, sinon même s'en– richissent, par le développement des échanges entre les hommes et les communications qui se nouent entre eux. Aujourd 'hui, en 1962, nous sommes nombreux à sou– haiter ardemment qu'une Europe politique se crée, par-des– sus les dissentiments que nous a légués une Histoire récente, Cette entreprise me paraît être une des plus nobles aux– quelles puissent se consacrer les hommes de notre génération , et en ce qui me concerne , depuis près de vingt ans je m'atta– che au développement de tout ce qui peut nous amener à prendre conscience de l'unité de l'Europe occidentale pour l'é– panouissement de la civilisation magnifique dont nous som– mes les héritiers. Mais je vous avoue n 'éprouver que peu de goût pour certaines des discussions que suscite ce grand pro– iet, discussions qui me paraissent empreintes de plus de verba– lisme que de réalisme. Je n'ai jamais pu me passionner pour le débat entre la Fédération et la Confédération, ou entre l'Europe unie et l'Europe des oatries. Ces oppositions me paraissent relever de tous les faux problèmes, de tous les faux dilemmes gui troublent l'opinion publique au lieu de l'éclairer, et qui la nourrissent d'illusions au lieu de réalités . Je sais bien qu'il y a dans tous les choix que nous faisons , comme dans toutes les évolutions que nous subissons , des aspects positifs qui nous plaisent, qu'il y a des aspects né– gatifs qui nous attristent, qu'il y a des possibilités qui de– viennent des risques , tandis que nous perdons des protec– tions qui étaient des gardes-fous. Mais notre effort doit être précisément de discerner, aussi bien dans les legs du passé que dans les germes du futur, les éléments sains et vig;oureux pour les faire fructifier, et dégager les ronces qu'il est de notre devoir d'écarter. Comment pourrait-on imaginer qu'il y ait contradiction entre l'Europe et la France, ou entre la France et l'Italie , ou entre la France et l'Auvergne, ou entre l'Auvergne et le pays d'Aoste ? J'ai la conviction profonde que ces con– tradictions ont effectivement existé , que les risques aux– quels nous nous référons aujourd'hui ont réellement été des

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