BASA

DISCOURS 41 plaine riche où ils s'éteignent et c'est toujours à recom– mencer ». Mon Auvergne, comme votre pays d 'Aoste, est une montagne pauvre, mais c'est aussi une pourvoyeuse en hommes. Il me plaît que ce soit un écrivain de chez moi qui ait écrit une phrase aussi riche de sens, et qui s'applique aussi bien à vous qu'à nous . Henri Pourrat habitait Ambert , vous ai-je dit; or cette petite ville est baignée par une rivière qui s'appelle la Dore. Ce nom a une sonorité ravissante comme celui de la rivière qui coule ici . Peut-on trouver dénomination plus poétique que ce joli qualificatif de « Doire Baltée », bien fait pour enchanter des écoliers qui rêvent sur leur atlas ? Et peut-on trouver rapprochement plus charmant que celui de la Doire Baltée et de la Dore, coulant l'une chez vous et l'autre chez moi ? Permettez-moi de citer les vers que Chateaubriand met dans la bouche d'un de ses héros romantiques pour évoquer ses souvenirs d'enfance: Ma soeur, te souvient-il encore Du château qui baignait la Dore ? Et de cette tant vieille tour du Maure Où l'airain sonnait le retour du ;our ? Ne trouvez-vous pas que cette « tant vieille tour » d'Auvergne fait penser à votre fier donjon de Fénis, que l'airan de sa cloche évoque le fer forgé de la fontaine d'Is– sogne; et, enfin, ne vous est-il pas agréable de penser que ces vers si souples, si chantants, si nostalgiques aussi , sont dédiés à une eau courante qui porte chez nous le même nom que chez vous ? Il me revient que votre Guido Rey a dit: « Je mourrai le jour où la route atteindra le Breuil ». C'est une phrase qui touche , mais c'est un sentiment dont il faut se défendre, car nous n'avons pas le droit de l'admettre . Les hommes de notre temps, arrivés comme nous le sommes au point de culture qui est le nôtre, ne doivent pas redouter comme un

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