BASA

Les Dialogues des Carmélites, publiés en 1949 et portés a ia scène en 1951 furent salués par la critique. avec une admiration mêlée d'étonnement, car c'est là la dernière œuvre de Georges Be1- nanos, son témoignage ultime sur le sens de l'aventure humaine. S'élevant aux plus hautes considérations de la vie spirituelle, cette œuvre posthume de Bernanos - qui tranche sur les ouvrages polémistes de ses derniers dix ans - nous parle, dans un stvle con– templatif, des problèmes de la grâce et de la charit~, du sacrifice et de la prière, et se rattache par là à la lignée de ses romans qui jalonnent le cours de son évolution spirituelle. En fait, certains passages de Jeanne relapse et sainte, de La Joze et du Journal d'un Curé de campagne, dominés par une vision drama– tique de l'expérience religieuse, annoncent déjà l'accent particulier de Dialogues des Carmélites. Habitué à traiter « des thèmes toujours aux confins de la vie et de la mort » 1, il accepte d 'écrire, pour le cinéma, sur la prière du R.P. Brückberger, le « dialogue » du scénario rédigé par le R .P. Brückberger lui-même en collaboration avec Philippe Agostini, d'après la nouvelle allemande de Mme Gertrude von Le Fort, La Derntère à !'Echafaud 2 , qui s'inspirait elle-même d'un fait historique : l'exé– cution des Carmélites de Compiègne 3 sous la Terreur. (1) Cf. GAUCHER GUY, Le Thème de la mort dans les romans de Bernanos, Lettres Mo– dernes, 1959. (2) GERTRUDE VON LE FoRT, La Dernière à !'Echafaud, traduite de l'allemand par Blaise Briod, Edit. Desclé de Brouwer, Paris, 2e édition, 1949. (3) Le fait historique est très connu: le 17-7-1794, seize Carmélites de Compiègne sont condamnées à mort par le Tribunal révolutionnaire de Paris et exécutées séance tenante, sous l'accusation de « nourrir dans leurs cœurs le désir et l'espoir criminel de voir le peuple fran– çais remis aux fers de ses tyrans ». Elles se rendirent à l'échafaud en chantant le Veni Creator. En 1906 l'Eglise les a béatifiées . Maintenant elles reposent à Paris, dans les fosses communes du cimetière de Picpus. Cf. VICTOR PIERRE, Les Seize Carmélites de Compiègne, Edit. Lecoffre, Paris 1905. 7

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