BASA
La genèse de « Dialogues des Carmélites » 99 l'œuvre, en plus du cinéma, il pense dédier son œuvre à la litté– rature 8 . Bernanos est pénétré de la nouvelle La Dernière à !'Echafaud 9 , il l'a méditée fort longtemps, d'où une continuité incontestable d'ins– piration entre la romancière allemande et !'écrivain catholique fran– çais, au-delà du scénario . Même s'il y a identité de certaines phrases, l'important n'est pas là, mais dans l'identité de l'inspiration, si bien que Bernanos n'a pas eu besoin d'avoir la nouvelle sous les yeux, pour rester dans le genre de la nouvelle, lors de la rédaction de ses Dialogues 10 • D'autre part, il ne semble pas que Bernanos se soit servi de documents historiques, mais seulement de quelques faits, comme trem– plin vers un essentiel spirituel, auquel il désire s'intéresser 11 . Il n'a donc travaillé que sur la nouvelle et le scénario qu'on lui avait donnés. Après maints ennuis 12 , si l'œuvre cinématographique est re– poussée, les Dialogues des Carmélites (titre donné par l'éditeur Albert Béguin) sont reconnus comme œuvre littéraire. Madame von Le Fort admet que tout en retenant certains élé– ments de son invention poétique, principalement les personnages, les Dialogues sont l'expression personnelle de la pensée de Bernanos, et non une simple adaptation de sa nouvelle. Or en 1951 l'attitude de (8) Bernanos a toujours pensé que la composition des Dialogues était une véritable œuvre de création, aussi a-t-il songé très tôt à une publication séparée de son texte. Cf. ses notes: « Toute une partie de la scène, abandonnée pour le cinéma, est à garder pour la publication ». (9) Le R.P. Paul Gordan, moine bénédictin, affirme que La Dernière à !'Echafaud fut parmi le petit nombre de livres que Bernanos emporta avec lui au Brésil en quittant la France en 1938, et qu'il l'a souvent relu et médité. Cf. S. MEREDITH MURRAY, ouvrage cité, p. 22. (10) Mme Armel Guerne, «secrétaire bénévole» de Bernanos, déclare que l'auteur de Journal d'un Curé de campagne avait égaré le texte de Gertrude von Le Fort et que durant son travail il ne l'a jamais consulté. (11) Toujours de Mme Guerne: «A ma demande de rechercher la nouvelle et de trouver aussi d'autres documents pour faciliter son travail, Bernanos m'a seulement répondu qu'il n'entendait pas faire un travail historique, et avec un certain humour qu'il ne travaillait pas sur des documents ». (12) Les Dialogues n'ayant pas été remis en temps utile, les studios primitivement retenus furent annulés . Mais Bernanos va bientôt mourir. C'est en effet la fin le 5 juillet 1948. Selon son vœu, tout est livré, quant à son œuvre, à Albert Béguin, qui découvre les dix cahiers manuscrits renfermant la version intégrale de Dialogues des Carmélites.
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