BASA
La genèse de « Dialogues des Carmélites » 101 tation de M. Tassencourt et d'A. Béguin. La même année 19-52, la pièce fut jouée en langue italienne au Festival de San Miniato 15 . La carrière de l'œuvre de Bernanos se poursuivit même au théâtre ly– rique: en 19-57 les Milanais assistent à la version italienne de l'opéra créé par Francis Poulen, qui sera joué cinq mois plus tard à Paris, dans la version française originale 16 . Quant au film du même nom, réalisé en 19-59, il est beaucoup plus du R.P. Brückberger et de Philippe Agostini qu'il n'est de Bernanos 17 • La Dernière à l'Echafaud. Gertrude von Le Fort a cree une héroïne, Blanche de La Force, que tout fait trembler. A seize ans , Blanche décide de se faire Car– mélite, en partie par attrait pour la vie religieuse, mais aussi par be– soin d'un refuge permanent contre son insécurité secrète. La révo– lution gronde, et les couvents seront naturellement les premiers frap– pés. Devant les événements, une décision du Provincial recommande de donner le voile sans retard aux postulantes. Ainsi la vêture de Blanche de La Force a-t-elle lieu, malgré les réserves de la Maîtresse des novices, Marie de l'Incarnation, qui est la seconde héroïne c1e la nouvelle allemande. A mesure que les mauvaises nouvelles de l'extérieur sè font con– naître, Blanche de La Force, qui a pris le nom de Sœur Blanche de l'Agonie du Christ, devient de moins en moins capable de dominer sa sensibilité traumatisée dès sa naissance. Après un incident 18 , Blanche (15) Alors qu'Albert Béguin et Marcelle Tassencourt ont modifié le texte, afin de le déga– ger des servitudes d'une structure cinématographique, les metteurs en scène italiens et alle– mands ont utilisé le texte tel que Bernanos nous l'a laissé, malgré les difficultés techniques déterminées par le morcellement en séquences cinématographiques. (16) L'opéra de Poulenc, qui utilise sept cents lignes du texte strictement empruntées à Bernanos, reste fidèle à l'esprit et à la délicate architecture de la pièce de cet écrivain catho– lique. (17) Sur mille lignes de dialogue, deux cent cinquante seulement sont de Bernanos et celles– ci même se trouvent souvent déplacées dans une ambiance religieuse et dramatique différente. Il est intéressant d'autre part de constater que la première partie de l'opéra de Poulenc se base sur des scènes que le film écarte ou altère. (18) Au cours d'une procession, Blanche laisse tomber la statue du « Petit Roi de G loire » et en la voyant décapitée elle s'écrie avec le visage d'une stigmatisée: « Oh, le petit Roi est mort ... il ne reste plus que !'Agnus Dei».
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