BASA
104 L.-A. Colliard de Mère Lidoine, Mère de Croissy, Sœur Constance sont historiques. Blanche de La Force, ainsi que les autres Carmélites, sont donc des créatures de l'imagination poétique de la romancière allemande. Quant à la figure de Marie de l'Incarnation, la religieuse issue probablement de sang royal, Gertrude von Le Fort l'a ennoblie, la parant de toutes les qualités brillantes de la Prieure Lidoine, et a fait de celle-ci une figure admirable sans doute, mais plutôt effacée. Dans la réalité, en fait , ce n'est pas Marie de l'Incarnation qui a pro– posé le vœu de martyre, mais bien la Mère Prieure, qui au contraire désirait ardemment ce sacrifice . Ainsi, en parlant du martyre, elle s'écrie : « Ah ! quel bonheur ce serait pour nous si Dieu daignait nous en faire grâce » 25 . Dans Marie de l'Incarnation, Gertrude von Le Fort a voulu, en contraste avec la fin héroïque de son héroïne principale, Blanche de La Force, montrer la victoire tout intérieure de la grâce dans une âme aussi héroïque par nature que celle de la petite Blanche était peureuse. Le scénario. Le scénario du R.P . Brückberger et de Philippe Agostini, qui ne correspond d'ailleurs pas exactement aux souhaits de Gertrude von Le Fort, s'interpose entre les Dialogues de Bernanos et la nouvelle de la romancière allemande. Le plus grand relief est donné, dans le scénario, au thème cen– tral de la peur, ce qui entraine une simplification du jeu des cons– ciences. Par contre, la faiblesse irraisonnée, ainsi que le drame spiri– tualisé de l'orgueil, écueil des âmes fortes, passent au second plan. Le caractère dramatique de l'action extérieure s'accuse, dans le but d 'exploiter le pittoresque d'un cadre historique saisissant . Les scé– naristes épuisent toutes les possibilités dramatiques et même mélo– dramatiques du sujet, en multiplant des scènes révolutionnaires et en insistant sur la mort de la mère supérieure . Ainsi on voit dans le film des commissaires effrayants et insolents envers les religieuses, alors que dans la nouvelle allemande les commissaires étaient plus irres– pectueux que menaçants. Dans leur goût du concret et du spectacu- 125) G. VON LE FoRT, La Dernière à !'Echafaud, p. 102.
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