BASA
106 L. -A. Co/liard mande S. Meredith Murray - « le cataclysme his torique qui forme le décor du drame littéraire ? » 30 • D'une manière différente , selon leur propre tempérament. Gertrude von Le Fort communique, avec une sobriété puissante, son frémissement d 'horreur , devant le règne de la violence , et le devoir d 'expier l'injustice par la souffrance . Par contre, Bernanos ne redoute pas la force , ni même la vio– lence, et justifie l'action si elle est au service du droit. Tempérament ardent de polémiste et de pamphlétaire 31 , dont la vocation a toujours été de communiquer à ses semblables la vérité catholique, il n'avait pas hésité, dès 1938, à déclarer : « ]'ai rêvé de saints et de héros, négligeant les formes intermédiaires de notre espèce, et je m'aperçois que seuls comptent les saints et les héros » 32 . En conclusion, d 'après l'étude de S. Meredith Murrav, il apparaît clair que , d 'une manière générale, il n'y a ni rupture ni indépendance entre le roman, le scénario et la pièce de Bernanos. On peut cepen– dant parler d'une véritable autonomie, au point de vue spirituel, des Dialogues, où Bernanos, tout en interprétant les faits à sa manière, qui n 'est pas celle de Mme von Le For t, y fait sa préparation à la mort 33 . C'est donc à lui que revient le mérite d 'avoir fait revivre les personnages de ces Dialogues, dont il reste l'auteur principal. Il a pris le scénario et en a fait très légitimement du « Bernanos », par la profondeur de la pensée et la fermeté du style. Lauro-Aimé Colliard. (30) S. MEREDITH MURRAY, ouvrage cité, p. 109. (31) Successeur de Louis Veuillot, de Léon Bloy et de Charles Peguy , Bernanos, ce chrétien qui a souffert dans sa plénitude le drame du salut et l'angoisse de la sainte agonie, « est avant tout un homme pour qui la plus profonde spiritualité se manifeste dans les combats d'actualité». Voilà la conclusion à laquelle parvient M. Henri Giordan dans son essai sur Georges Bernanos devant la condamnation de « L'Action Française ». Cf. Studi Francesi, n. 20, 1963, page 265. (32) G EORGES BERNANOS, Préface de Grands Cimetières sous la lune, Plon, 1938. (33) Voici à œ ptopos ce qu'il écrivait sur son agenda, le 24 janvier 1948, à quelques mois de sa fin: «Nous nous imaginons redouter notre mort et la fuir, quand nous voulons réellement cette mort comme Il a voulu la sienne. De la même manière qu'il se sacrifie sur chaque autel où se célèbre la Messe, Il recommence à mourir dans chaque homme à l'agonie ... Nous ne rentrons en nous que pour mourir et c'est là qu'Il nous attend ». Cf. GEORGES BERNANOS, Dia– logues des Carmélites, avec introduction et notes par M. TPsio, Soc. Editr. Dante Alighieri, 1960, page 13.
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