BASA
132 Lin Co/liard La période dans laquelle se place le différend en question, est des plus délicates, par rapport soit au mouvement doctrinal qu 'à l'affermissement d'une plus rigide conception disciplinaire au sein de l'Eglise 2 . Les courants les plus divers - bien que plusieurs d'entre eux soient issus d'un dénominateur commun - avaient caractérisé la vie ecclésiastique aux xvne et xvnre siècles ; depuis le gallicanisme épiscopal et le jansénisme théologique et parlementaire, jusqu'au richérisme, au fébronianisme, au quesnellisme, et aux mouvements qui vont sous le nom de « giurisdizionalismo » et de « regalismo ». Ces tendances qui avaient abouti au synode de Pistoia, et aux schismes de l'Eglise Constitutionnelle et de la Petite Eglise, s'étaient comme étiolées sous les vagues de la Révolution. L'Eglise catholique, mise au creuset, se relevait de cette expé– rience plus consciente de sa mission, moins liée à la contingence du temporel, plus compacte dans la discipline et plus assurée dans sa doctrine . Il n'est pas à croire que cette œuvre de restauration des principes romains traditionnels ait pu se développer paisiblement, sans secous– ses, dans les rapports politiques ainsi qu'à l'intérieur des consciences. Un peu partout, et, en ce qui nous concerne, dans les Etats Sardes, subsistaient des adhérents enthousiastes des anciennes ten– dances locales et d'un rigorisme moral de marque janséniste. En France, surtout, la reprise de la vie catholique après le Con cordat de 1801 , est décidément marquée par la même orientation doctrinale, nettement gallicane, qui avait caractérisé l'Ancien Régime. Pour ce qui a trait à la théologie morale, les luttes - bien anté– rieures aux querelles jansénistes - entre partisans du rigorisme agos– tinianiste et du thomisme, et fauteurs du système moliniste, étaient lom d'être apaisées. L'introduction des principes probabilistes et béni– gnistes, propres à la morale de St-Alphonse de Liguori - laquelle (2) J. L EFLON, La crise révolutionnaire dans !'Histoire de l'Eglise de A. Fliche et V. Martin, Paris 1951.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=