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138 Lin Colliard Cette situation, assez confuse par elle-même, était ultérieurement compliquée par les querelles du Chapitre de la Cathédrale avec l'évê– que et la Cour de Rome en vue de la conservation de la liturgie particulière valdôtaine. Le rigorisme doctrinal et de ministère caractérise aussi les écrits et l'œuvre de l'abbé Goirand de la Baume, prêtre français émif!ré, auquel est due la diffusion dans notre Vallée du culte du Sacré-Cœur de Jésus et qui joua un rôle actif dans la vie religieuse valdôtaine à cette époque. Goirand professait en morale le probabiliorisme. Dans ses let– tres, publiées par Pierre-Etienne Duc 13 , il accentue la polémique anti– probabiliste, en excitant ses amis d'Aoste à l'étude de Massillon dont, dit-il « la morale set sévère, sans être janséniste 14 » et il manifeste aussi une certaine rigueur vis-à-vis de la communion fréquente. Il est un passage dé ses lettres qui frappe ; c'est lorsqu'il exprime son scepticisme sur l'efficacité des systèmes adoptés dans les missions françaises de la Restauration 15 : J'ai observé - écrit Goirand - que voulant faire approcher de la Tabie Sainte beaucoup de monde, selon le système des missionnaires de France, il y a de beaux spectacles de ferveur, mais beaucoup plus d'apparence que de réa– lité. Les fruits qu'on recueille avant leur maturité ne sont pas de durée. La méthode que nous avions suivie dans la Vallée d'Aoste, en donnant des retraites me paraît la plus propre à opérer de véritables conversions. Nous passions peu de monde, mais nous cherchions à bâtir solidement 16. En face de l'exubérance quelque peu criarde des jeunes ultra– montains à la mode, l'abbé Goirand se démontrait fidèle à l'austère tradition morale du catholicisme français de marque gallicane, pour (13) P.-E. Duc, Le clergé d'Aoste au XVIIIe siècle, Turin 1881, pp. 72-83 . (14) Lettre au chan. Jean-Grat Duc, supérieur du Grand Séminaire, 1822. Dans une autre lettre de 1801 écrite de Farnese, diocèse d'Acquapendente, et adressée à M. Porliod (plus tard archidiacre et vicaire général), l'abbé Goirand affirme: « Le probabilisme et le climat font du mal ». A propos de l'encyclique du pape Léon XII sur l'extension du jubilé, il y voit « avec consolation ce sage milieu entre les probabilistes et les tutioristes » (Lettre au chan. J.-G. Duc, 1827). (15) Cf. A. ÜMODEO, Aspetti del Cattolicesimo della Restaurazione, Torino 1946. (16) Lettre au chan. J.-G. Duc, 1827.

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