BASA

146 Lin Colliard I COLLIARD A CHINCHERE' 1 Monsieur le Curé, Comme vous balanciez à croire que, ce que j'osais avancer à la Cure d'Hône, ne fût réellement le sentiment de Mr le Prévôt de Quincinetto, je me fais un plaisir de vous le transmettre tel qu'il me l'a transmis et le voici: (Suit l'autographe du prévôt Enrietti): Vous me demandez mon sentiment sur cette proposition: la grâce suffi– sante est-elle donnée à tout le monde ? Je réponds , qu'il y a lieu de s'étonner, qu'on mette encore sérieusement en question cette proposition semipélagienne après qu'elle a été si puissamment réfusée par St-Augustin, et par son fidèle disciple St-Prosper. Et premièrement quelle grâce, disent-ils, peut-on supposer dans les enfants, qui meurent sans baptême ? Ici l'exception est évidente. En second lieu quelle grâce suffisante peut-on admettre pour tant de nations barbares avant que l'Evangile leur fût préché ? Sine /ide, dit St-Paul, impossibile est placere Deo. Or, /ides ex auditu: auditus autem per verbum Christi. Aussi St-Augustin ne balance point à prononcer (Ep. CC.XVII, nova edit., n. 16), Scimus gratiam Dei non omnibus hominibus dari. Scimus, eis quibus datur, misericordia Dei gratuita dari. Scimus, eis quibus non datur, justo judicio Dei non dari. Fides, dit-il ailleurs (De Pra:dest. c. IX, n. 16) donum Dei est: et hoc donum quibusdam dari, quibusdam non dari, omnino non dubitet, qui non vult manifestissimis sacris literis repugnare. Cur autem non omnibus detur, fidelem movere non debet, qui credit ex unus omnes esse in condemnationem, sine dubi– tatione justissimam, ita ut nulla esse! Dei justa reprehensio, etiamsi nullus inde liberaretur... Cur autem istum potius, quam illum liberet, inscrutabtlia sunt judicia eius, et investigabiles viœ ejus. Metius enim et hic audimus: o homo tu quis es, qui respondeas Deo ? Comment pourrais-je abandonner ce grand Docteur, que toute l'Eglise re– connait pour son Maître surtout dans ces matières, pour suivre des Docteurs nouveaux, qui s'efforcent de ressusciter des erreurs jadis condammnées par l'Eglise ? Mais, direz-vous, Jésus-Christ n'est-il pas mort pour tous ? La reponse vous sera donnée par le St. Concile de Trente: etsi ille, dit-il (Sess. VI c. III) (1) Quincinetto, archivio parrocchiale, minuta (25 février 1823).