BASA
154 Lin Colliard encore dire que soit le Concile, soit St-Augustin parlent d'une grâce speciale, comme par exem. la prédication de l'Evangile, etc. Mais pour preuve encore que le Concile ne parle pas là de la grâce suffisante ecoutez le même (Sess. VI. c. 2): Christum proposuit Deus propitiatorem per /idem in Sanguine iprius pro peccatis nostris, non solum autem pro nostris sed etiam pro totius mundi. C'est comme s'il disoit non solum, pro nostris, qui sumus Christiani, sed etiam pro peccatis totius mundi, nempe omnium hominum qui srmt in orbe ter– rarum. Par ce texte de St-Paul: /ides ex auditu, auditus autem, etc., voulez vous peut-être conclure que Dieu ne donne des grâces qu'à ceux qt i sont éclairés de la foi, etc. ? C'est une erreur condamnée par Innocent XI qui a condamné les deux propositions suivantes : Nullœ dantur gratiœ nisi per /idem; /ides est prima gratia et fans omnium aliarum. Voyez (Bailly edit. 3 tom. 3; De Gratia, pag. 228) 5. La foi n'est donc pas la première grace. Enfin je finis par conclure que bien loin d'être désabusé par votre lettre, au contraire elle n'a fait que me procurer une occasion de m'affermir davantage dans mon opinion que je crois ne pouvoir abandonner qu'en abandonnant la foi de l'Eglise. Je vous ai donc fait voir que vous soutenez des propositions con– damnées par les Conciles, et surtout par celui d'Arles, condamnées par les papes Inn. X et Alexandre VIII, que vous soutenez la cinquième proposition de Jansénius qui a été condamnée comme téméraire, scandaleuse et hérétiq11e, i"-' vous ai fait voir en un mot que vous êtes dans l'erreur ; je porte compJ%ion à votre situation et je ne puis me persuader que Mr le Prévôt de Quincinetto soit de votre sentiment, car un homme qui a des lumières autant que lui ne devroit et ne pourroit jamais vous envelopper de ténèbres si épaisses, ni un savant dogmaticien tel qu'il est, vous induire en des erreurs si grossières. J'aime encore mieux me persuader que vous aurez pris des qui pro quo dans les expli· cations, et, qui pis est, ne les faites que pour éprouver mon ignorance. Au reste je vous prie de venir à de meilleurs sentiments, et si vous avez encore quelques doutes après ceci, vous devez vous adresser à MM. les Grands Vicaires 6 qui ne manqueront pas de vous donner des lumières. Quant à moi, je c10is ferm~mem que Dieu donne des grâces suffisantes à tout le monde, et ceux qui se damnent , se damnent par leur propre faute. Et je pense aussi qu'il est beaucoup plus expédient de travailler pour correspondre à la grâce par nos œuvres, que de (5) En 1789, paraissait à Paris la Theologia dogmatica et moralis de Louis Bailly (1730· 1808) , professeur de théologie à Dijon. Ce manuel connut un grand succès pendant la pre– mière moitié du XIXe siècle. La théologie de Bailly fut en i.:sage au Grand Séminaire d'Aoste jusqu'à ce qu'elle fut mise à l'index par le Saint-Siège en 1852. L'auteur est un gallican convaincu et un rigoriste.
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