BASA

156 Lin Colliard III ENRIETTI A CHINCHERE' 7 Quincinetto, ce 19 mars 1823. Monsieur mon révérend Curé, J'ai lu, Monsieur, votre lettre, et les autres écrits que vous avez envoyés au clerc Colliard qui demeure chez moi. Comme les satyres que vous lui lancez retombent évidemment sur moi, je crois que c'est de mon devoir de vous répondre directement par moi même, non pas pourtant pour vous enseigner, mais seulement pour purger mon honneur, s'il est possible ; car qui oseroit entreprendre d'instruire un homme si plein de confiance dans ses lumières, et si fermement fondé dans ses opinions, qu'il croiroit en les quittant, d'abandonner la foi de l'Eglise ? Qui dissipe toutes les objections et tous les arguments de ses adversaires avec un léger souffle ; c'est-à-dire avec un distinguo arbitraire, et souvent à plaisir, étant dénué de tout fondement ? Qui ose pousser l'extrava– gance jusqu'à soutenir que même aux enfants qui meurent sans baptême, n'a pas manqué la grâce suffisante pour se sauver ? Quelle espérance enfin de faire revenir un homme, à qui les objections les plus fortes et les plus concluantes ne servent qu'à l'affermir davantage dans son opinion ? Je dirai toutefois quel– que chose, non pas, comme j'ai dit , pour vous enseigner, mais seulement pour éloigner de moi tout soupçon d'hérésie. St-Paul dit: Deus vult omnes homines salvos fieri: il dit aussi : Pro omnibus mortuus est Christus: tout cela nous le savons et nous le croyons ; et vous pouvez bien vous épargner la peine d'entasser tant de passages, qui n'aioutent rien à l'autorité divine de St-Paul. Mais nous savons aussi, qu'il est écrit: multi sunt vocati, pauci vero electi, et encore: omnia quodr•;mque voluit, Deus fecit in cœlo et in terra et le premier article du symbole des Apôtres est de croire Dieu tout puissant, c'est à dire, qu'il fait tout ce qu'il \'eut. La diffi– culté de concilier ces differents textes, qui semblent contradictoires, c'est ce qui effrayait les SS. Pères, et les obligeait à s'écrier si souvent: 0 altitudo, etc. quam inscrutabilia sunt judicia ejus, etc. 0 homo tu qui es, etc. Ce qui effravoit les SS. Pères, n'effraye plus, il est vrai, les l\lolinistes, mais cela même. n'est pas un préjugé beaucoup favorable pour ceux. Et, en revanche ils tombent dans 11n autre bien plus grand, et qui selon St-Augustin, :>st le rnmble de l'~bsurdité . Car ce St-Docteur après avoir parlé des enfants qui meurent sans baptême, quoique nés de parents religieux, et empressés pollr le leur procurer, auibus providentia Dei non consulit ut renascentur ad hœreditatem cœlestem, il ajoute : Nemus vanitatis et cœcitatis sunt, si etiam his consideratis, nondum di.mantur (7) Quincinetto, archivio .parrocchiale, copia.

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