BASA
158 Lin Colliard (Christus) pro omnibus mortuus est, non omnes tamen mortis ejus benef1ci1. "' recipiunt, sed ii dumtaxat, quibus meritum passionis ejus communicatur. Or, dites-moi, je vous prie, de bonne foi: votre grâce suffisante d'où vient-elle ? Quel– le source lui assegnez-vous ? Toutes les grâces spirituelles viennent certainement en nous par l'application des mérites de J.C. Or selon ce sacré Concile, tous ne reçoivent pas l'application de ces mérites ; donc tous ne reçoivent pas des grâces spirituelles. Tous vos distinguo, peuvent-ils éluder la force de cet argument ? Voilà notre croyance tout-à-fait conforme aux décisions de l'Eglise. Et toutefois la 1° proposition attribuée à Jansénius a été justement condamnée, je l'avoue. Car il y a de l'impiété à dire, que les expressions de St-Paul S<"ntent le semi– pélagianisme. Mais néammoins on peut bien en abuser pour le favoriser. Et quel est l'hérétique, dit St-Augustin, qui n'ait pas par sa témérité fait sortir ses erreurs du sacré trésor des vérités, c'est à dire, des saintes écritures ? C'est dans la bouche des Semipélagiens, et selon leurs fausses interprétations, qu'elles sentent et favorisent l'erreur, et non pas selon l'interprétation catholique de l'Eglise. Enfin pour vous ôter le soupçon, que je vous ai voulu imposer en disant que votre proposition renouvellée par les Molinistes a été prémièrement inventée par les sémipelagiens, lisez, je vous prie, le célèbre poème de St-Prosper De Ingratis, composé principalement pour réfuter les Semipélagiens 9. Et pour vous épargner la peine de le lire tout entier, lisez seulement les Chapitres 11, 12, 1 '· du vers 283 jusqu'au vers 333, et vous vous convaincrez par vous mêmes de la vérité de ce que j'ai dit; et vous verrez en même temps avec quelle force il la refute, surtout à l'égard des infidèles négatifs: je n'ajouterai rien des au teurs modernes, qui, quoique d'ailleurs estimables et respectables, ils n'ont d'autorité, qu'autant qu'ils sont d'accord avec les SS. Pères et la tradition. J'ajouterai seulement quelques petites réflexions: 1. Cette expression: Dieu veut sauves tous les hommes autant qu'il dépend de lui, ne vous paraissent-elles pas injurieuses à la toute puissance de Dieu ? Est ce que l'homme pourra empêcher que la volonté de Dieu ne s'exécute ? Si Deus dit St-Augustin , in cœlo et in terra quocumque voluit, fecit, profecto f acere noluit, quodcumque non fecit. 2. Vous dites: Deus impossibilia non jubet: mais quel précepte a-t-il donné aux enfants nouvellement nès, qui n'ont encore aucun usage de la raison ? Et pour les infidèles négatifs, ils ne seront pas certainement damnés pour n'avoir pas cru à l'Evangile, qu'il leur était impossible d'en– tendre, mais pour le péché originel et pour les autres péchés actuels. 3. La doctrine de St-Augustin qui est véritablement celle de l'Eglise, ne peur inspirer qu'une profonde humilité, et exciter à la prière. La doctrine des Moli– nistes ne peut au contraire qu'inspirer de l'orgueil, et refroidir la prière. Car que demandons-nous à Dieu dans la prière, si non le secours nécessaire pour faire notre salut ? Et que demande-t-il à Dieu celui, qui est persuadé d'avoir toujours présent ce secours ? De plus les SS. Pères disent : in nullo gloriandum, (9) L. CouTURE, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, Toulouse 1900, pp. 270-280, a indiqué l'usage qu'au XVIIe siècle fit des œuvres de Prosper d'Aquitaine le Jansénisme.
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