BASA
Comptes rendus des séances XXII1 considérations enjouées et savoureuses, et des notices puisées au:: vraies sources. Il avait le don de la narration coulante ; ce qui le caractérisait c'é– tait l'abondance joyeuse et fleurie de ses développements. En lisant la plu– part de ses ouvrages on se dit: «C'est de !'Alphonse Daudet de derrière les fagots ». L'abbé Fenoil ne les aurait pas désavoués. Le Bulletin de l'Aca– démie s'est enrichi d'un grand nombre de ses élaborations historiques, entre autres d'un mémoire sur la Collégiale de Saint-Gilles à Verrès , d'une notice croustillante sur Le mariage et le départ de Pénis de Bonne de Challant; d'un essai sur Les origines de la très illustre Maison de Chal– lant et sur un Combat particulier d'un Sarrasin avec Amédée de Challant; d'une bluette sur l'abbé Amé Gorret et une foule d 'autres mémoires. Une trempe poétique si aisée était faite aussi pour la nouvelle et la légende. La revue Augusta Prœtoria, Le Flambeau, Le Messager Valdôtain en con– tiennent plusieurs soit en français, soit en italien, soit en patois: La trei– naye de Revendzet; La légende du Juif errant ; La Madonna di Agréen ; Félicie et Célestin ; L'âne, le bœuf et Duchet de Quart; Fornet, La Plontaz, La Vieille; Come nascono le leggende; Histoire des trois ermites; Il santo dei vagants; Lo Troydzet de Chantéry; La Pierre de Bard, etc., etc.. Bien souvent, M. le comte d'Entrèves donna cours à sa passion d 'esca– lader les montagnes, à cette furie de vouloir poser le pied sur les rocs que fréquente l'aigle. Il n'a pas laissé de sitôt cette furie-là. On sait qu'il avait aussi des goûts ascétiques . Combien de fois ne l'at--on pas vu parcourir nu-pieds nos sanctuaires ! Qui se serait étonné de le remarquer en certai– nes époques critiques dans les processions revêtu du cilice, la tête saupou– drée de cendre pour apaiser le courroux du Ciel contre l'humanité péche– resse ? Ce personnage était très secourable aux malheureux. Non seulement il versait d'abondantes aumônes dans les mains de l'indigent, mais il don– nait sans compter aux Instituts de bienfaisance, aux œuvres pies, aux mo– nastères. M. le comte Charles Passerin, quoique né à Turin, avait la passion de la Vallée d'Aoste. Il en connaissait l'histoire, la mentalité, les aspirations, même le patois dans toutes ses nuances. La politique ne l'a jamais trop soucié. Ce qui toutefois ne l'empêcha pas d'être traqué par les forbans du jingoïsme brutal et omnipotent et de prendre le chemin de l'exil. Le château de Châtillon avec mobilier et archives fut sauvé d'une destruction complète grâce au sang-froid et au courage de l'admirable servante de M le comte. Celui-ci retraça les tragédies de cette époque néfaste dans un
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