BASA
282 Bibliographie valdôtaine C'est au bel âge de quasi quatrc– vingts ans qu'il a voulu avec une ar– deur juvénile surprendre ces faux pro– phètes qui ont annoncé que notre cler– gé a perdu le goût des lettres et de l'amour pour notre langue française. Dans l'avant-propos de cet Album de souvenirs, l'auteur déclare de dis– penser les critiques de tout commen– taire. Notre but n'est pas de faire la cri tique de cet ouvrage. Nous voulom ~eulement le signaler aux lecteurs val– dôtains, inviter nos compatriotes à connaître ce petit livre qui représen– te, selon notre point de vue, une con– tribution importante à notre littérature régionale . L'album de souvenirs s'ouvre par un recueil de poésies. Elles ont été compo– sées à partir de l'an 1903. La dernière pièce est de 1958 , écrite à l'occasion du jubilé sacerdotal du Père Angélique Les premières sont surtout des poé– sies de circonstance, dédiées aux amis qui disaient leur première Messe (qu'il y en avait alors, chaque année, de3 premières messes ! ) , célébrant des fêtes religieuses ou rappelant le souvenir de quelques chers disparus. Elles expriment des sentiments dé– licats, ces premières compositions: la fidélité, l'amitié, un sens profond de piété. L'humour du poète se àégage vif, pétillant, typiquement gaulois dans ia Petite satire, adressée à un abbé qui a une éloquence hors d'ordinaire. L'au– teur célèbre l'astre lumineux: « Vrat foudre d'éloquence et de prosopopée - Parcourant l'univers de sa noble pen– sée - Qui a laissé les mortels pour planer dans les cieux ». M. Gorret ne dit pas le nom du grand orateur qui est la victime de sa satire affectueuse . Mais tout le monde l'a quand même reconnu, à quelque 55 ans de distance: «Mais quel est cet oracle aux élans si sublimes - Qui révèle aux mortels ses savantes maximes ? Gloire dira son nom tous les siècleJ durant ». Continuons à feuilleter l'album des souvenirs de M. Gorret. Voici la célébration de l'arrivée de Parmelin, l'audacieux aviateur. Le poe– te lui demande: « Quelles étaient tes pensées quand, perdu dans l'espace, · T u voguais librement, hardi marin de l'air ; - Que notre plus grand Mont, majestueux et fier, - T e parut un poznt blanc dans l'ample Mer de Glace?». Cet événement a touché notre poe te qui, avec nos sommets, frémit sur– pris de tant d'audace du généreux na– vigateur de l'air, plus géant que le Géant des Alpes. Au gré de ses poésies, nous parcou– rons avec le poète quelques étapes de sa vie: à la guerre, lorsqu'il expri– me son admiration à nos Alpins; pr::~ pour le départ vers le nouveau monde, dans le sonnet L'épave, chargé de mé– lancolie et de regret. Il se sent, notre poète, comme une épave qui «s'en va glissant au gré de l'onde - Vers le ri– vage auquel le sort le destina... - Il dtt Adieu, mon doux pays, le plus beau du monde >» adieu aux parents, aux amis , à la sœur chérie. Et c'est encore le rêve de l'émigré. « Parmi livres, journaux et le si doux visage - Des parents que toujours 7e désire revoir - Je voudrais écouler tau.: mes jours sans nuages - Dans un rêve de paix, de bonheur et d'espoir ... ». Après les poésies, M. Gorret a ras– semblé quelques morceaux de prose publiés par-ci par-là dans la presse. Voici la description vive et pas du tout fanée d'un pèlerinage à Notre Dame des Ermites à Einsiedeln en s.uisse, tableau fidèle de souvenirs pré– cieux. Un moment de repos sur la monta– gne fournit dans la pièce suivante l'occasion pour méditer un petit peu sur les misères de la politique.
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