BASA

284 Bibliographie valdôtaine tiques aux lecteurs de I'Augusta Pra: toria et du Duché d'Aoste. Le propos délibéré de contribuer dans la mesure de ses forces « au mou vement littéraire valdôtain qui doit absolument s'affermir », ne fut pas étranger à la décision de publier son recueil. Le volume de 120 pages, à la cou– verture extrêmement simple, estompé<. sur cette teinte jaunâtre qui caractén · sait les publications du typographe Sté– venin, coûtait 8 lires ; mais Léman IP cédait au prix de 5 lires à ses anciens camarades d'Aoste. Je conserve enco– re, avec un soin jaloux, dans les rayons cle ma bibliothèque valdôtaine, l'exem– plaire de Première Mo isson que Lé man octroya à mon père, à ce même prix, au printemps du lointain 1923. Un concert de louanges accueillit, unanimement, la parution des poèmes de Manzetti. Les différentes gazettes n'hésitèrent point à chanter le péan à l'astre qui se levait, au poète dont l'é– toile pointait au firmament littéraire de la Vallée d'Aoste. Unique note discordante, ou du moins pas tout à fait harmonisée, le> appréciations de Jules Brocherel. Le fougueux directeur de l' Augusta Prce – toria - qui pourtant chérissait d'une façon particulière son jeune collabora– teur - ménagea à Première Moisson, en sévère censeur, une critique bienveil– lante dans la substance, mais hérissee de conseils qui voulaient être amicaux, tandis qu 'ils étaient assez désobligeants. D'après Brocherel, Première Moisson ressentait passablement des défauts qui lui venaient - et cela est avéré - de l'ardeur juvénile de son auteur. En particulier, il reprochait à Man– zetti de n'avoir pas soumis préalable– ment sa production au crible de l'au– tocritique et de s'attarder parfois aux éclats de la rhétorique. Bref, Léman aurait gâché son in– contestable talent poétique « en une multitude de productions précaires, h plupart desquelles n'auraient pas résis– té à l'usure du temps ». La critique postérieure a démenti ce sombre pronostic. Malgré ses quelques lacunes, malgré l'ivraie qui se faufile parfois entre les touffes du blé, Première Moisson a connu la voie du succès. Prétendre découvrir à tout prix - ainsi que le voulait Brocherel - sous la parure des colifichets de Manzetti, un « concept substantiel », n'était-ce pas, de la part de l'éminent critique, l'aveu d'un certain défaut de sensibi– lité ou d'ouverture tout-court vis-à-vis de la poésie symboliste et moderne de laquelle Léman tirait, d'une façon pre– dominante, son inspiration ? Ce qui d'ailleurs n'étonne pas, si l'on consi– dère l'engouement de ses contempo– rains pour les formes traditionnelles et marmoréennes de la poésie parnas– sienne. La voie du lyrisme pur que suivra Manzetti, ne pouvait guère per– suader Jules Brocherel, qui demeurait inébranlablement fidèle aux vers céré– braux du maître styliste Théophile Gauthier. A l'encontre de ce qui pu1 arriver pour nos devanciers , la poésit. de Léman trouve encore du retentis– sement dans nos esprits. Elle nous paraît partant excellente l'idée de M. Stanislas-Nazaréen Be– rardi, directeur de l'imprimerie Val dôtaine, de patronner une nouvelle édi– tion de ce précieux recueil, étant don– né que celui-ci était devenu une vén– table rareté , fort convoitée par les b1 · bliophiles. L'édition 1963, d'un tirag<. réduit, se présente dans une brochure de 102 pages, aux caractères clairs, nets , sur papier de luxe. Elle maintient la répartition des sujets de l'édition on– ginale: viennent d'abord les Bouquets mystiques, empreints de la fervente re– ligiosité du poète, les Voix faibles, le> Voix fortes, les Tableaux, et elle se

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