BASA

SEANCE DU 13 SEPTEMBRE 1962 M. le chan. Domaine nous a entretenus sur un sujet tout à fait nouveau: «Le chant populaire en Vallée d'Aoste». Il l'a traité d'une manière très intéressante. A cela quoi d'étonnant ? Il n'est pas seulement un métromane mais un mélophile des plus habiles et des plus enlevants. « Le chant populaire, nous dit M. Domaine, a toujours été apprécié et pratiqué chez nous ». L'homme sent le besoin de chanter comme la tour– terelle de roucouler, le rossignol d'arpéger. Celui qui écrit ces lignes ne peut parler pertinemment de l'attirance, de la force d'attraction du chant, attendu -:1u'il n'a qu'une voix qui se gâte en sortant du gosier. Néanmoins lui aussi se laisse doucement bercer aux mélodies enchanteresses d'Euterpe . « Ü'l chante partout » dit le rapporteur, tout èn nous faisant 0bserver qu'il y a en Vallée d'Aoste des sites où l'on se signale plus particulièrement par les harmonies de la voix et le goût du chant : Gignod . Arpuilles , Cogne, Introd, La-Salle, Saint-Christophe, Nus, Pénis, Châtillon, Champorcher, La-Madeleine, Fontainemore, Perloz, Avise. De quoi cela dépend ? De l'influence du climat ? de la nourriture habituelle ? du caractère des gens ? M. Domaine ne veut pas se prononcer. Je me suis laissé dire maintes fois que les voix les mieux timbrées , les plus harmonieuses se trouvent dans les endroits où abondent les châtaigniers. On dit que les châtaignes assou– plissent et fortifient les cordes vocales. Quoiqu'il en soit, l'on doit admettre avec M. Domaine que l'on chante beaucoup en Vallée d'Aoste. Dans les moments de halte dans le travail, dans les transports d'enthousiasme, aux jours de délassements, de fêtes patronales , dans les raoûts, dans les veillées villageoises, dans les banquets nuptiaux, voire même aux heures de mélan– colies, il faut que l'on chante ou que l'on pleure en s'accompagnant sur des cordes harmonieuses. Lorsque la chanson hume le parfum de la terre natale, elle devient une suave symphonie pour l'oreille et une ineffable délice pour le cœur ; elle aide l'âme à concevoir un monde idéal tout imprégné d'émotion intenses ou de poignante nostalgie.