BASA
94 A. Chenal <lit, à ces oronymes, à ces hydronymes qui mouchètent notre pays et sont souvent si doux à prononcer, parce que si saturés de l'essence du terroir. L'abbé Joseph-Marie Henry avait vraiment compris l'intérêt de cette discipline auxiliaire de l'Histoire et ses Vieux noms patois de localités valdôtaines 2 représentent un travail qui retiendra long– temps encore l'attention des spécialistes. Le curé de Valpelline a été un virtuose de la Toponymie. S'il n'avait pas planté, tout au long de son oeuvre de recherches scienti– fiques, de~ jalons authentiques, nous serions, par rapport aux autres pays voisins, bien en retard dans la connaissance de nos noms de lieu 3 . Il nous plaît de lui rendre hommage aujourd'hui, car nous avons peut-être eu tort, il a a quelques année's 4 , d'exprimer sut l'ampleur de son travail un jugement quelque peu défavorable et de le critiquer dans un domaine où il se mouvait à son aise et qu'il a su, partant, débroussailler avec une habileté et une méthode qu'il n'est pas facile de tr.ouver toujours chez des auteurs mieux connus que lui dans les Alpes 5 • (2) Les études de cet auteur furent publiées dans Le M.essager Valdôtain, en 1937, 1938, 1939. La rédaction de notre Almanach pourvut aussi à diffuser quelques tirés-à-part. En 1941 , Giovanni De-Simoni et l'avt. A. Balliano soignèrent la traduction en langue italienne des trois feuilletons du Messager, pour le compte du «Centra universitario di studi alpini » de la G.U .F. de Milan. Ils eurent soin, cependant, de placer tous les vocables, donnés comme celtiques par l'abbé Henry, sous la désignation générique de « liguro-salasso »- La graphie des toponymes et des noms de lieux-dit fut italianisée, pour qu'ils soient « univocamente ·/eggibili da lettori nostri » Et pour donner un air d'innocence à pareille audace, son principal traducteur précisait: «Mi è stato in cià, per moiti casi, di insostituibile aiuto Io stesso abate Henry che si è compiaczuto concedere all'uopo lunghi colloqui e rivedere persona/mente le bozze ». En plein fascisme, le curé de Valpelline aurait-il pu faire autrement ? La gallophobie fasciste triomphait ! (3) Outre à Vieux noms ___ cit., plusieurs autres publications de l'abbé Henry renferment de précieux renseignements toponymiques. Citons: Oyace en 1500, dans revue « Augusta Prae– toria » de novembre 1919; Valpelline en 1500, ibidem, janvier-février 1921 et mars-avril 1921; Guide du V alpelline, IIe édit., Aoste 1925; Bulletin de la flore valdôtaine, articles divers. Même son Histoire populaire ne nous laisse pas à jeun. Parmi les autres auteurs qui ont publié en Vallée d'Aoste des notices toponymiques impor– tantes, citons: P. MASSIA et P. AEBISCHER dans «Augusta P raetoria », 1921, 1922, articles divers; J_ BROCHEREL, La langue des Salasses, dans revue « Augusta Praetoria », avril-mai-juin 1948; In., Le patois et la langue française en Vallée d'Aoste, Neuchâtel 1952; J. BRÉAN, Vesti;,es celtiques dans les patois valdôtains, dans revue « Le Flambeau », n. 2 et. 3-4, 1951. Parmi les auteurs qui ont publié hors de la Vallée d'Aoste, rappelons enfin les nombreux renseignements oronymiques fournis par RENÉ CHABOD dans Gran Para– diso et Monte Bianco, édités par le Touring-Club Italien dans la collection «Guida dei monti d'Italia». (4) Cf. Origine du mot Aymavilles, dans « Le Flambeau», n. 1, 1961. (5) Précisons encore que les études toponymiques de l'abbé Henry ont ceci de particulier: tout en étant presque toujours rigoureusement scientifique, elles sont écrites d'une façon telle que même les personnes qui ont très peu de familiarité avec cette discipline peuvent les lire et les savourer. Ce n'est pas pour rien que cet auteur s'est servi le plus souvent du « Messager Valdôtain » pour faire connaître les résultats de ses enquêtes.
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