BASA
96 A. Chenal sous bénéfice d'inventaire, et déclencha de vives polémiques qui, fort heureusement, sont aujourd'hui définitivement éteintes 8 • Celui qui voudrait resoulever l'ombre du doute sur cette réalité historique, prouvée désormais par les sciences auxiliaires de l'Histoire, perdrait son temps et son argent. Nous sommes à peu près certains - et ici, faute de preuves objectives, l'intuition joue un rôle de première importance - que les Celtes n'anéantirent pas la population ligure préexistante. Le géno– cide n'entrait pas dans leurs règles de vie. La toponymie valdô– taine préromaine serait d'ailleurs toute celtique, ce qui n'est pas notre cas. Les Celtes, qui tout compte fait n'aimaient pas le jardinage et les longues heures d'oubli au coin de l'âtre, pendant la saison où tout repose, mais étaient au contraire des guerriers authentiques, furent sans doute les principaux fauteurs de la longue guerre qui tint en échec les légions romaines pendant plus d'un siècle. Les Ligures devaient s'adonner plutôt aux travaux de l'agriculture . C'est eux qui défrichaient préférablement le sol morainique de notre Région et remplissaient les greniers pour l'hiver. Mais, à part ces notices fragmentaires, que savons-nous de ces anciennes peuplades, de leurs moeurs, de leur genre de vie, de leur degré de civilisation ? A peu près rien de vraiment sûr, de vraiment objectif . La Toponymie peut-elle nous fournir quelque indication ? Nous allons le voir tout de suite. 1 - Pen, Valpelline . LES VESTIGES DU CULTE POLYTHÉISTE SALASSE La principale divinité connue du peuple salasse se nommait Pen ou Penn. Elle eut son culte sur les hauteurs, précisément au (8) La plus retentissante est celle qui vit l'un contre l'autre armés l'excellent prof. Jules Brocherel, ligurisant exagéré, et le chan. Joseph Bréan, celtisant convaincu. Pour soutenir la thèse que les vestiges celtiques étaient presque inexistants en Vallée d'Aoste, le premier publia dans la revue «Augusta Praetoria », en 1948 (n. 2), La langue des Salasses. Le deuxième lui répondit dans «Le Flambeau», en 1951 (n. 2 et 3-4), par Vestiges de la langue celtique dans les patois de la Vallée d'Aoste. Brocherel fit aussi remarquer à l'abbé Henry que dans ses Vieux noms cit., il attribuait trop souvent, à certains mots, une origine celtique (cf. RENÉ WILLIEN, Noutro dzen patoué, II, Aoste 1964, p. 56). Nous savons aujourd'hui, grâce aux résultats des enquêtes toponymiques modernes, que le curé de Valpelline avait eu raison de ne pas tenir compte de ces observations.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=