BASA
XII Académie Saint-Anselme dit M. l'abbé Lin Colliard dans sa dissertation, de pouvoir conclure que le chan. Enrietti et le clerc Colliard étaient de dotrine théologique proprement janséniste ». On ne sait si la polémique a eu une suite. Le gallicanisme avait-il des adeptes en Vallée d'Aoste? Disons tout d 'abord que les évê– ques qui nous venaient du Piémont ou de la Savoie n'étaient gallicans qu'en théorie non pas tant en pratique. S'ils avaient uri culte pour le droit divin de la souveraineté, ils sentaient aussi souvent le poids de l'ingé– rence excessive des souverains dans les choses spirituelles. La cour de Turin était imprégnée de gallicanisme. C'est le souverain qui ordonne aux évêques de traitèr telle ou telle question de foi; c'est lui qui leur dit comme Dieu à l'océan: vous irez jusque là et vous n 'irez pas plus loin; c'est lui qui choisira à son gré les candidats à l'épiscopat, qui ira jusqu'à nommer les évêques dans ses Etats, et les prévôts du Grand– Saint-Bernard, les abbés dans les grandes abbayes . Il est vrai que le pape Nicolas V, par son indult du 10 janvier 1451, et pour s'assurer la protection du duc de Savoie Louis, lui avait accordé le privilège de ne nommer dans ses Etats que des évêques et des abbés de monastères agréés par la couronne, à la condition toutefois que les souve– rains de Savoie persévérassent dans l'obédience des pontifes romains. Mais de là jusqu'à leur octroyer le droit de présentation aux évêchés et aux abbayes, comme d'aucuns prétendent, il y a bien loin. Seulement plus tard et bien abusivement, les ducs de Savoie se prévalant de cet indult s'arro– geront le droit, même de nommer les évêques, les abbés des diocèses et des abbayes inclus dans leurs Etats. Il fut un temps où la cour de Savoie se plaignait de ce que les évêques à la fin des lettres qu'ils lui adressaient se contentaient d'écrire : « Votre très humble serviteur ». Il fallait ramper à plat ventre devant la statue de Nabuchodonosor. Le monarque se considérait au-dessus du pape même dans le temporel, voire dans -le spirituel. En France cette ·doctrine gallicane était encore plus accentuée. Si l'on songe, fait observer un grand écrivain, aux succès éblouissants d'une très longue partie du règne de Louis XIV, à cette constellation de talents qui brillaient autour de lui, et ne Féunissaient leur influence que pour la faire valoir; à l'habitude du commandement le plus absolu; à l'en– thousiasme de l'obéissance qui devinait ses ordres au lieu de les attendre; à .la flatterie qui l'environnait comme une sorte d'atmosphère, comme l'air qu'il respirait, et qui finit enfin par devenir un culte, une véritable adora– tion, on ne s'étonnera plus que d'une chose. C'est qu'au milieu de toutes les séductions imaginables, il ait pu se douter qu'il était homme. La France -connut donc cette époque d'enivrement où tout devait se plier
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=