BASA
98 A. Chenal trop en donner l'air et sans heurter la susceptibilité des fières popu– lations conquises. Si le dieu celte Pen dut déguerpir du col du Grand-Saint-Ber· nard, il laissa cependant son nom à la section des Alpes centrales située entre les Craies et les Lépontines. Il est intéressant de remarquer que le dieu grec des montagnes avait à peu près le même nom que le dieu salasse correspondant. Il s'appelait en effet Pan et était représenté avec des pieds, des cornes et une barbe de chèvre. Il était fils d'Hermès Cilenius et d'une nym– phe. Son culte, d'origine arcadienne, se diffusa dans toute la Gr~ce, ainsi qu'à Rome. Il était considéré le protecteur des bois , des ber– gers, des troupeaux et des fontaines, mais il avait aussi la très mau– vaise habitude de diffuser parmi les mortels des terreurs horribles, surtout parmi les ennemis de ses fidèles. C'est pour cela que l'on appelle aujourd'hui encore « terreur panique » un effroi subit et violent. Le dieu Pen était beaucoup plus paisible , mais l'étroite parenté graphique et phonique de son nom avec celui du dieu grec des mun– tagnes ne doit pas être l'effet d'un pur hasard. Elle présuppose probablement une certaine unité originelle dans les croyances des anciens hommes. Plus d'une constatation archéologique et mytholo– gique nous font penser que tout a dû se passer comme si, à un mo– ment donné de l'évolution, le sens du divin se soit emparé de l'hom– me pour la première fois, dans un lieu donné, et se soit ensuite répandu avec une certaine uniformité. La prolifération des divinit~s viendra beaucoup plus tard et son processus sera différent pour chaque groupe de peuple. Au début , il a dû exister très peu de dieux, plus ou moins semblables pour tous les peuples. Une dernière remarque, enfin. L'abbé Henry a écrit: « Pour complaire aux savants on a rendu quelquefois en latin le mot de Valpelline par Vallis Pennina, mais l'écriture générale de tous les documents en latin jusqu'en 1550 et en français depuis cette époque est V a!lis Pellina, Valpelline » 12 • Précisons aussi que primitivement on attribuait à Annibal, surnommé le Penois à cause de ses origines, le nom des Alpes Pen– nines. On sait qu'en 218 av. J.-C. le grand capitaine carthaginois franchit les Alpes après une campagne assez rentable en Espagne et commença la deuxième guerre punique . On ignore quel col alpestre (12) Cf. Guide du Valpelline, Aoste 1925, p. 1.
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