BASA
Enquête Toponymique 99 fut le témoin de ce passage mémorable qui allait donner à Rome bien de gros soucis. Certains, comme Mommsen 13 , parlent du Petit-Saint-Bernard. Les auteurs modernes sont plutôt enclins à citer le Montcenis, mais dans les anciens temps on parla aussi du Granà– Saint-Bernard. Voici, par exemple, ce qu'écrivait Roland Viot dans la première moitié du XVIIe siècle: « Cette valléè [le Valpelline] commence à une petite lieue de la cité d'Aoste, vis-à-vis ·èle la paroisse de Ginod 14 , mais du Levant d'elle et contient environ quatre lieues d'étendue. Elle s'appelle Valpelline par corruption des mots Valpennine, parce qu'Annibal Penois descendit par icelle en Italie, comme disent plusieurs bons auteurs, tant anciens que mo– dernes, entre lesquels voyez ce qu'on trouve en Munsterius, au liv. 3, chàp. 3, de sa Cosmographie universelle: '' Sed unum iter trans– ·mittit per montem Arolla a'd Valpellinam quae ab antiquîs Vallzs Poenina appellata est, idque ob Annibalem Poenum quem putant per banc vallem iter fecisse in Italiam ". Car, encore qu'il soit très certain que son armée, très nombreuse et enflée d'un peuple infini de diverses nations qui se joignit à icelle pour envahir ·l'Italie, passa, par divers. endroits les Alpes, comme note fort bien Jas. Simler au Traité des Alpes au titre des Alpes Pennines, toutefois il est à croire qu'Annibal, plein de courage pour animer sa soldatesque, choisit le plus dangereux et malaisé passage. Et ce qui me le persuade davan– tagè, outr.e le nom donné à la vallée, c'est que l'on voit encore pour le jourd'hui, en plusieurs endroits de la descente, des barricades composées de gros cartiers de pierres qu'ils roùlaient sur les avenues pour parer aux coups de,s habitants et donner loisir à leurs cama– rades de les joindre » 15 • Il va sans dire que soit le col du Grand-Saint-Bernard, soit le (13) Cf. Storia di Roma, Edit. Dall'Oglio, Varese 1962, vol. III, chap. 4. (14) En 1409, la graphie actuelle; c'est-à-dire Gignod, était déjà employée. Cf. par exem– ple JULIEN PrnNET, La famille d'Avise, Aoste 1963, p. 78. (15) Cf. Histoire ou Chronologie du duché d'Aoste, chap. VIII, De la Valpelline. L'opinion selon laquelle Hannibal aurait laissé son nom aux Alpes Pennines était telle– ment accréditée par nos devanciers que F. BEuc1100, ancien et distingué sern;taire de notrê Académie Saint-Anselme, écrivait ce qui suit dans le IXe bulletin (Comptes-rendus des séance:;, p. 13, Aoste 1876): Le 13 septembre 1874 «M. l'abbé Blanchet fait remarquer avec beaucoup de justesse, que la Société Académique d'Aoste rendrait hommage à la vérité histonque et confirmerait une foulè de traditions en adoptant l'orthographe des nombreux ex voto offerts à Jupiter Poeninus et conservés au Musée du Grand-Saint-Bernard. Cette orthographe fixée par des documents qui ont près de deux mille ans d'existence indique clairement que le Mont– Joux conservait un souvenir vivant du passage des Carthaginois, un souvenir si bien établi que les' Romains crurent devoir l'imprimer sur les monuments de leur superstition ». Et de conclure: « L'assemblée s'engage au nom de la Société à faire adopter par ses membres l'ortho– gtaphe de poenin 'et poenine au lieu de l'ancienne, pennin et pennine ».
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