BASA

100 A. Chenal nom des Alpes Pennines, n'ont plus rien à voir maintenant avec le passage d'Annibal. Cette section des Alpes doit exclusivement au dieu Pen son appellation 16 . Mais pour ce qui concerne l'étymologie de Valpelline , l'opinion de l'abbé Henry n'est pas un argument dé– finitif. Que l'on ait voulu complaire en bonne foi à quelqu'un en écrivant parfois Vallis Pennina, cela soit. Que l'écriture générale dans les documents latins soit toujours V allis Pellina, nous le concédons aussi. Rien n'empêche, cependant, que le mot Pellina puisse très bien être, comme dit Viot, une corruption de Pennina; une corruption qui s'est vérifiée assez vite, voilà tout, longtemps avant que le nom de cette vallée apparaisse dans les premiers documents connus, qui ne doivent pas remonter au-delà du XIIe siècle 17 . L'abbé Henry ne fournit d'ailleurs aucune autre explication pour mettre de l'ordre dans l'étymologie du toponyme Valpelline. Sans la corruption invo– quée par Munsterius et Roland Viot, nous sommes réduits à ne rien pouvoir comprendre . Prenons donc cette corruption pour l'unique hypothèse plausible, d'autant plus qu'elle nous vient d'un auteur ancien et sérieux, donc beaucoup plus près que nous de la sour(.e étymologique et très à même de la percevoir, mais laissons à Annibal ce qui est à Annibal, et au dieu Pen ce qui est au dieu Pen 18 • (16) Un passage de Î ITE LI VE (XXI, 38), dans lequel l'historien romain combat la croyan ce erronée selon laquelle Annibd aurait franchi les Alpes par le Summus Penninus, nous paraît d'ailleurs assez clair: « Nec ver;;imile est ea tum ad Galliam patuisse itinera; utique, quae ad Poeninum ferunt, obsepta gentibus semigermanis fuissent; neque Hercule, montibus his (si quem forte id movet) ab transitu Poenorum ullo Varagri, incolae iugi eius, norunt nomen inditum; sed ab eo quem in summo sacratum vertice, Poeninum Montani appelant ». (17) Un ancien document connu où il est fait mention de Valpelline doit porter la signa– ture du duc de Savoie Amé III ( 1103-1149), lequel « concéda des franchises aux foires de Chermontanaz et de Valpelline pour réconcilier les habitants des deux côtés» (cf. J.-M. HENRY, Guide cit., p. 2). Le nom de Valpelline est mentionné aussi dans une bulle adressée par le pape Alexandre III à l'évêque d'Aoste Aymon, le 20 avril 1176. (18) En d'autres termes, soit les auteurs anciens, soit les auteurs modernes, ont commis une erreur. Celle des premiers consista à croire qu'Annibal avait franchi le col du Grand-Saint– Bernard: ils en tirèrent la conclusipn que les Alpes Pennines et le Valpelline conservaient dans leur étymologie le souvenir de ce passage mémorable. Les deuxièmes savaient qu'il fallait écar– ter le col du Grand-Saint-Bernard dans la reconstruction de l'itinéraire suivi par le capitaine carthagÎnois: il en inférèrent que l'étymologie des Alpes Pennines et de Valpelline n'avait plus rien à voir avec le surnom de Penois affublé à notre Annibal. Jusqu'ici le raisonnement était pertinent. Mais s'ils surent voir, dès lors, que la section des Alpes Pennines devait au culte du dieu Pen son appellation, ils eurent le tort de ne pas pousser leur clairvoyance jusqu'à embrasser aussi le mot Valpelline, dont le sens resta pour eux un rébus des plus obscurs. C'est par un cas étonnant d'homophonie que le mot Penois ressemble au mot Pen. Cela confondit les anciens auteurs. Mais lorsque le mythe d'Annibal s'écroula, la corruption du double n en double l dans le mot Valpelline vivait depuis trop de siècles pour que son souve– nir eût pu se conserver. En égarant le seul fil conducteur, on avait donc compromis la solution de ce problème étymologique. Pour le retrouver, il fallnit remonter aux anciens auteurs, nt pas tenir compte des légendes dont ils ont agrémenté leurs récits et invoquer un cas de corruption dans un terme homophone à celui de Penois, vu qu'une racine supposée pel ou pell

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