BASA
Enquête Toponymique 101 2 - Joux. Il est temps d'éclaircir, puisque nous sommes dans le sujet, une erreur d'interprétation commise par certains auteurs valdôtains, à une époque où la science toponymique faisait ses premiers pas et n'avait guère conquis encore l'attention des historiens . Joux, ou ses dérivés, est un toponyme qui apparaît en plu– sieurs endroits de la Vallée d'Aoste. Laissons la parole à l'abbé Henry: « ... la Joux (1605 m) à La-Thuile, autrefois forêt fort épaisse: en patois la Zaou ; la Jaux (1600 m) à La-Salle ; la Jaux plane à Val– grisenche entre Chamen et le Revers ; la Jaux au-dessus de Vens à Saint-Nicolas; Col de Joux (1638 m) et Bois de Joux entre Saint– Vincent et Brusson, immense forêt de conifères; Toux, Bois de Joux, Ru de Joux entre Saint-Barthélemy et Verrayes, en patois Ru de Dzoi. A Courmayeur, la forêt s'appelle la dze(r), diminutif la d.:e– rotta, petite forêt: en français la jer, la jeur, la Jerotte. Comme diminutif de Joux nous avons Jovet petit bois: ainsi en 1521, Jovet à Ollomont au pied de la Ville. A Valpelline, nous avons le ]on ( 1800 m) Io Dzon » 19 • Tancredi Tibaldi a vu dans ce mot de Joux qui mouchette notre pays la présence d'une ancienne divinité salasse « particolare ai passi, aile forre, ai valichi dei monti » 20 • Cet historien, qui n'ignorait pas l'usage préromain de déposer des monnaies aux cols du Grand et du Petit-Saint-Bernard 21 , a dû se persuader cependant - et d'autres auteurs avec lui - que cet acte de dévotion supposait l'existence d'un dieu païen nommé Joux, pour le simple motif qu'au Moyen Age les deux cols susmentionnés étaient appelés respectivement Mons ]avis et Columna ]avis. Il igno– rait malheureusement que ces appellatifs avaient été affublés aux deux hauts lieux que nous venons de citer parce qu'on y avait élevé une statue et une colonne rappelant Jupiter, dont le culte, comme nous venons de voir, remplaça pendant un certain nombre d'années ?e d_isait abso!ument rien. Cette façon <le débrouiller le rébus conduit ,tout troit à Munsterius, a V10t ... et a Pen. Rappelons enfin qu'en breton, langue celtique, Penn a le sens de « tête ». Tout commen- taire est oisif. (19) Cf. J.-M. H ENRY, Vieux noms cit., dans «Le Messager Valdôtain », 1938, p. 34. (20) Cf. T. ÎIBALDI, La Regione d'Aosta a/traversa i secoli, parte I , Evo antico, p. 116. (21) Page 117 de La Regione d'Aosta cit., il écrivait en effet: « Come la traversata delle Alpi era considerata un'avventura difficoltosa, offrivasi quakhe voto a questo nume tipico, protettore dell 'arduo passo, onde scartasse i perigli ».
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