BASA

102 A. Chenal celui du dieu Pen, lorsque les Romains furent les maîtres des Alpes. n. avait eu le tort, en d'autres termes , de confondre une divinité celtique avec une divinité romaine, et cette dernière avec une fants matique divinité salasse. Ce n'est pas très grave, vu l'ampleur de son travail. Faisons~lui amende car il. a bien mérité de notre pays. Dauzat 22 a montré que Joux est un toponyme qui n'a absolu– ment rien à ~oir avec la religion des anciens. habitants de nos contrées et qu'il dérive de la racine celtique juris, signifiant « hauteur boisée », « forêt en mon~agne » 23 • . No.us sommes heureux de constater que l'abbé Henry a été fidèle à cette interprétation et qu'il était donc bien documenté : «La. joux ,- écrivait-il - c'est la forêt ... Dans toute la Vallée, le mot joux ,v_eut dire forêt et n'a absolument rien à que faire avec Jupiter, ce brave homme de Dieu de l'Olympe » 24 . 3 ~ Belun , Belenos est une divinité gauloise dont le culte connut quelque diffusion à l'époque de la décadence de l'empire romain (entre le l ''r et le IVe siècle de l'ère chrétienne) dans l'actuelle V enezia Giulia (plusieurs inscriptions à Aquileia), dans le Norique et, naturellement, en Gaule . Il correspondait au dieu romain Apollon et dans l'aire celtique romanisée ce dernier ne réussit jamais complètement à le supplanter. Voilà pourquoi le nom de cette divinité gauloise, qui est un souvenir de la religion païenne, se retrouve assez souveht dans la toponymie de l'aire celtisée. Citons, en France : Beauney ( Biaunai vers 1222) dans la Seine-et-Marne ; Baulne ( Belna en 1191) dans l'Aisne et dans la Seine-et-Oise; Beaulne-et-Chivy (Bel– na en 1191) dans l'Aisne; Beaune (Beleno cas(tro) à l'époque mé– rovingienne) dans la Côte-d'Or, l'Allier, la Haute-Loire (Beune en 1275), la Savoie (Belna en 1112); Beaune-la-Rolande (Belna q1 (22) Cf. Les noms de lieux - Origine et évolution, Paris 1932, p. 208. (23) Pour plus de détails sur cette racine et ses dérivés, cf. mon étude Toponymes valdô– tains cit., dans revue « Le Flambeau », hiver 1963, n. 4, p. 125 et suiv. · Comme le chan. ADOLPHE GROS précise cependant dans son Dictionnaire étymologique der noms de lieu de la Savoie, Belley 1935, p. 290, certains Joux, Jovet des Alpes pourraient déri– ver du nom d'homme ]ovetus, plus tard J ove, Jouve « porté par des chrétiens authentiques ». Mais cela en de très rares cas, pouvons-nous ajouter, qu'il ·n'est pas facile d'établir. Dans la majorité des cas, c'est un ·nom de lieu qui donne origine à un patronyme, et non pas inversement, ainsi que l'éminent toponymiste savoisien nous propose trop souvent. (24) Cf. J.-M. H ENRY, Vieux noms cit., 1938, p. 34.

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