BASA

114 A. Chenal tout envahisseur potentiel venant du Sud d 'une tentative d'encercle– ment, à travers la zone de Porossan, de la cuvette naturelle qui repré– sentait le point de rencontre des grandes voies de communication alpestres provenant du Petit et du Grand-Saint-Bernard. Au centre de cette cuvette, les Romains bâtirent leur Augusta Praetoria. A Saint-Oyen, dans la vallée du Grand-Saint-Bernard, un autre oppidum pouvait bloquer validement toute invasion filtrant du terri– toire des Véragres 57 • Le cadre est à peu près complet et s'il nous fournit encore trop peu d'éléments pour reconstrnire le mosaïque des croyances religieuses du peuple salasse, il nous permet de faire un réel pas en avant dans la connaissance de leur viabilité et de leur svstème de défense, soit de leur organisation militaire . , A remarquer que tout semble concorder avec l'affirmation des écrivains du passé selon laquelle les Salasses, comme leurs ancêtres néolithiques, vivaient préférablement sur les hauteurs, et tiraient leurs moyens de subsistance du sol morainique de notre région , et non pas tellement des terrains d'alluvions, pourtant si riches en humus. La vie, le long de l'arc central de la vallée ne devait pas être aisée, à cause des nombreux marécages, et l'économie des centres de défrichement aurait pu être facilement et irrémédiablement com– promise par une invasion subite, même hâtivement préparée. L~s Romains seront asse;; tôt les maîtres d'une bonne partie de l'axe central de la vallée, mais la guerre contre les Salasses durera long– temps encore, malgré la puissance militaire, la discipline et l'esprit combatif des légions. Autant dire que nos lointains prédécesseurs , retranchés sur les coteaux latéraux et contrôleurs incontestés des po5i– tions clés qui en barraient les voies d'accès, firent sentir longtemps leur supériorité stratégique 58 . Seulement la ruse d'un grand Consul put les dénicher de leurs repaires et leur fai re connaître tous les (57) Il convient remarquer que l'invasion romaine ne fut pas le motif principal qui poussa les Salasses de l'âge du fer à s'établir préférablement sur les hauteurs. La véritable cause de ce choix est d'ordre climatique. Le cli mat du Néolithique était décidément aride, mais à l'âge du bronze il se transforme complètement et devient très pluvieux. Les fleuves sortent de leurs lits et provoquent des inondations continuelles et terrifiantes. Les marais de Quart sont probablement un témoignage du climat européen à l'âge du bronze. La vie, le long des cour' d'eau, devient impossible, les hommes se réfugient sur les dos de terrain, les surfaces moraint· ques et perméables, en un mot sur les hauteurs. C'est là que nous les trouvons encore à l'âgt du fer. (58) Cf. aussi LUIGI VERRI, I trinceramenti salassi di Dondenna, dans revue « Scandere », du C.A.!., anno XI , T urin 1959.

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