BASA

XVIII Académie Saint-Anselme sions, le prévôt Raymond sut montrer un grand tact, un esprit conciliant, une vaste envergure, une prudence consommée. C'était l'Ayassin avec tou– tes ses qualités sans aucun de ses défauts. Il succéda à l'archidiacre Ribitel dans les fonctions de théologal. Il y démontra une capacité non connue. La grande majorité des chanoines n'était pas pour l'ingérence du roi dans la collation des bénéfices et notamment des dignités: elle se rangeait du côté du souverain pontife. Raymond n'a jamais cherché à obtenir les pre– mières dignités par des voies détournées. Il fut nommé prévôt par le roi à 39 ans seulement. Mais le brave homme eut à lutter maintes fois contre des esprits étroits, brouillons, jaloux du chapitre de la cathédrale et pres– que toutes les fois il devait recourir au roi . Les choses s'arrangeaient pour le mieux. Dans les nombreuses charges qui lui furent confiées, ce prélat se signala par une activité débordante, un talent au non plus rare, un zèle ardent pour les salut des âmes, voire même pour l'instruction publique, pour les vocations ecclésiastiques. C'est grâce à ses encouragements que les chanoines lorrains portèrent le collège Saint-Béning à un si haut degré de splendeur, à un si haut niveau de culture intellectuelle. C'est à lui que revient l'honneur d'avoir procuré au clergé de cette époque une instruction civile et religieuse si solide et si répandue dans le diocèse, au point que de nombreux curés de campagne étaient munis de diplômes universitaires et se souciaient d'instruire la jeunesse confiée à leur sollicitude pastorale. Jusqu'au beau milieu du xvrne siècle, les gouverne– ments ne se sont jamais occupés de l'instruction publique. Les sciences et les lettres étaient enseignées dans les monastères et dans les presbytères . La plupart des premières écoles valdôtaines furent fondées par des prêtres ou par des gens d'église. A cette époque, nous voyons surgir dans nos communes et dans nos hameaux des édifices scolaires. Et ce n'est pas sans motif que, depuis lors, jusqu'à nos jours, parmi toutes les régions d'Italie, la Vallée d'Aoste a compté le plus bas pourcentage d'illettrés. Le zèle du prévôt Raymond le porta à multiplier les vocations ecclé– siastiques . Sa paroisse natale, Ayas, devint une pépinière de prêtres et est encore de nos jours avec Valtornenche à la tête du diocèse pour la produc– tion des ministres du sanctuaire. Les chanoines Duc et Dondeynaz, qui lui succédèrent dans la dignité prévôtale, et qui jouèrent aussi un grand rôle dans le gouvernement du diocèse, lui durent aussi leur avancement à l'état ecclésiastique. Il donna à l'Eglise trois de ses neveux qui se distinguèrent aussi dans le ministère : Jean-Joseph Raymond, docteur en théologie et curé de Nus; Jean-Baptiste Raymond, docteur en théologie; Jean-Martin Raymond, docteur en droit et chapelain de la cathédrale. Le prévôt Ray-

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