BASA
16C c.· Monaco Laissez-moi vous dire une vérité, votre livre est un livre de fond, il ne faut pas s'étonner ni se plaindre de ce qu'il ne s'enlève pas avec la promptitude d'un ouvrage dit d'actualité. Il faut qu'il soit plus connu, il le sera. Autre vérité: je respecte la maison Vrayet de Surcy, mais c'est une librairie qui n'est pas le milieu désirable pour un ouvrage pareil. M. Vrayet de Surcy exploite la dévotion, les couvents, les religieuses, et je crains qu 'il ne se borne à annoncer votre livre dans son catalogue qui circule toujours dans la même circonférence. Je n'accuse ni le zèle, ni l'honnêteté de M. Vrayet que je crois très esti– mable faisant de son mieux dans un milieu donné (confidentiel). Quoiqu'il en soit, Monsieur, il faudrait engager M. Vrayet à faire quel– ques sacrifices. Je suppose qu'en faisant les frais d'impression vous-même vous lui avez donné à lui seul le privilège de la vente avec une remise de 40 à 50 pour % . Je crois connaître - hélas ! à mon dépens - les faits et les gestes de la librairie parisienne. A quelques exceptions applicables aux livres classiques ou aux ouvrages d'auteurs en vogue, il y a rarement du profit en argent pour un auteur qui fait les frais de l'édition de son ouvrage. Le dépositaire principal s'arrange toujours de manière à avoir le profit net. Il met l'ouvrage sur son catalogue, mais cela ne suffit pas; il le vend si on le lui demande ; mais comme il n'a pas le premier stimulant: la crainte de perdre un ouvrage dont le libraire n'est que le dépositaire reste sans être poussé et n'a aucun essor qui le fasse voler et se répandre. Il faut donc, pour le succès de la vente que l'éditeur y ait mis du sien, cela est général et n'est pas particulier au vôtre. J'insiste sur ce point, que je n'accuse de rien M. Vrayet. La dernière fors que je l'ai vu, je lui ai dit: Mais vous n'annoncez pas au Moniteur l'ouvrage de M. Gal; si vous le faisiez j'obtiendrais, j'en suis sûr, par ma modeste influence une jolie réclame plus facilement. Il m'a répondu: «L'ouvrage est annoncé sur mon catalogue ». Ce plan incliné m'amène naturellement, très honoré Monsieur, à vous dire un mot de la nouvelle édition dont vous vous occupez . Je ne sais pas en vérité en quoi mes humbles conseils pourraient vous servir; plus je lis votre oeuvre, plus croyez-moi je suis frappé de la force des sages vérités qu'elle contient, de l'érudition grande qui la distingue, du prodi– gieux travail qu'elle révèle. Vous m'avez écrit un jour que vous aviez payé cher un prote pour corriger vos épreuves. Et bien, pour la nouvelle édition, ne cherchez pas de prote et si vous me croyez capable de bien corriger, veuillez compter sur mon plus actif et mon plus sincère dévouement. Disposez, très honoré Monsieur, de moi comme d'un bon parent ou d'un vieil ami éprouvé. Et daignez croire que si l'insuccès frappait de déception pour vous vos
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